Le Vietnam doit "continuer à restructurer son économie"

Dimanche, 19/05/2019 11:08
Lors d’une récente interview accordée à l’Agence vietnamienne d’information, Eric Sidgwick, directeur national de la Banque asiatique de développement au Vietnam, a formulé des recommandations au gouvernement en vue d’une croissance économique élevée et stable.

La BAD suggère au Vietnam de poursuivre la restructuration économique

La BAD prévoit une croissance de 6,8% en 2019 pour le Vietnam

Eric Sidgwick, directeur national de la Banque asiatique de développement au Vietnam. Photo: VNA

Dans son rapport sur les perspectives de développement de l’Asie, la Banque asiatique de développement (BAD) constate que des grandes économies, partenaires commerciaux clés du Vietnam, s’affaiblissent, représentant des défis pour l’économie vietnamienne. Quelle est votre analyse à ce sujet?
Dans ce rapport de 2019, la BAD prévoit que la croissance du Produit intérieur brut (PIB) des économies développées telles que les États-Unis, le Japon et celles de l’Union européenne baissera de 2% à 1,9% cette année et pourrait chuter à 1,6% l’an prochain. La croissance de la Chine reculera de 6,6% à 6,1%. Les économies que j’ai citées représentent 60% de la valeur des exportations du Vietnam et sont donc de grands partenaires commerciaux du pays. Ainsi, avec le ralentissement de leur croissance économique, il est évident que les exportations vietnamiennes ne seront pas à l’abri d’éventuels impacts.

Cependant, la bonne nouvelle est que le Vietnam a su diversifier de plus en plus ses exportations. Avec la signature de nouveaux accords de libre-échange, dont celui avec l’Union européenne, le pays peut tirer parti, à court terme, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Par ailleurs, le ralentissement des exportations sera compensé par un fort pouvoir d’achat intérieur, en particulier les dépenses personnelles.

L’an passé, la croissance du PIB du Vietnam était de 7,08%. Cette année, la BAD la prévoit à 6,8% et l’an prochain, à 6,7%. Quelles sont les bases de ces prévisions?
À mon avis, 6,8% est un très bon taux de croissance. Selon les observations de la BAD, tous les secteurs du Vietnam tels que l’agriculture, l’aquaculture, l’élevage, l’industrie, la construction et les services ont le vent en poupe cette année. En outre, le pays continue d’attirer les investissements, le principal facteur déterminant sa croissance future. En observant les différents aspects de la croissance économique de votre pays, je pense que même si la croissance de 2019 et 2020 sera plus modeste que celle, très élevée, de l’année dernière, elle restera à un niveau élevé et continuera d’illustrer un développement durable. 

Dans l'usine de la société japonaise Canon à Hanoi. Photo: kinhtedothi

Quelles sont vos recommandations pour que le Vietnam puisse maintenir une croissance économique forte et stable à moyen et long termes?
Je pense que le Vietnam doit continuer de restructurer son économie. En particulier, il lui faudra bien s’adapter aux défis, dont les changements climatiques et la vulnérabilité commerciale notamment. J’avance donc six recommandations pour le gouvernement vietnamien.

Premièrement, il est nécessaire de maintenir la stabilité macroéconomique. Deuxièmement, il faut continuer de moderniser les infrastructures de tous ses secteurs, allant de l’énergie, des transports, du développement urbain, des projets de villes intelligentes aux programmes de lutte contre les changements climatiques. L’investissement dans le développement des infrastructures ne doit pas seulement viser la quantité mais aussi, et surtout, la qualité.

Troisièmement, il faut renforcer le système bancaire, développer le secteur financier pour que davantage d’habitants puissent avoir accès à ces services. Les marchés des capitaux doivent être privilégiés, celui des obligations gouvernementales comme celui des obligations d’entreprises. Quatrièmement, le gouvernement doit être toujours prêt à faire face aux effets du dérèglement climatique, en particulier lorsque le Vietnam est un des pays les plus vulnérables.

Cinquièmement, il importe de se concentrer dans le développement des ressources humaines, notamment les formations supérieures, techniques et professionnelles. Ces facteurs sont particulièrement importants dans le contexte de la 4e révolution industrielle, en pleine expansion.

Sixièmement, il faut que le gouvernement continue d’améliorer l’environnement des affaires. Son rôle, en tant que chef de file, consultant et fournisseur de services, doit être pertinent et davantage valorisé afin d’encourager les entreprises domestiques, notamment privées. Il est particulièrement important aussi de continuer d’accélérer la réforme administrative afin de créer un environnement ouvert favorable au développement du secteur privé. 

CPV/CVN

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