Les villages Cham abritent des dizaines de mosquées qui portent l’empreinte d’une culture millénaire. Photo: VOV
Dans la province méridionale d’An Giang, les villages Cham s’étirent le long du fleuve Hâu. Ils abritent des dizaines de mosquées qui portent l’empreinte d’une culture millénaire, une culture qui participe pleinement à cette mosaïque pluriethnique qu’est la nation vietnamienne.
La présence de toutes ces mosquées montre bien à quel point les Cham sont solidement implantés dans le delta du Mékong. La mosquée de Mubarak, en particulier, est un lieu fédérateur pour toute la communauté. Inscrite sur la liste des vestiges nationaux en 2011, cette fameuse mosquée n’a rien d’un vestige. Elle est au contraire on ne peut plus vivante, notamment le vendredi, jour de la prière collective qui s’accompagne en général – et c’est une particularité des musulmans vietnamiens - d’une séance d’explication sur les politiques du Parti et de l’État.
«Tous les vendredi, les fidèles se rassemblent dans les mosquées pour la grande prière hebdomadaire. Mais en général, les imams ne se contentent pas de leur enseigner les dogmes de la religion musulmane, ils les exhortent à respecter la loi et à instaurer un mode de vie civilisé», explique Soroles, le chef du service des ethnies du bourg de Tân Châu.
Les mosquées, vectrices d’éducation civique ? Pourquoi pas, après tout… Mais elles peuvent tout aussi bien être des écoles, à mi-chemin entre école coranique et école de langue. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Haji Abdolhamid, qui est l’imam adjoint d’une mosquée de la commune de Châu Phong.
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La communauté Cham d’An Giang vit au rythme de trois grandes cérémonies annuelles: le Roya Haji, qui serait une sorte de «Têt Cham», le Ramadan, qui est une période de jeûne d’environ un mois, et bien entendu l’anniversaire de la naissance du Prophète.
«Pendant le Ramadan, les musulmans doivent se priver de nourriture du lever au coucher du soleil. D’après le Coran, le Ramadan permet aux fidèles de mieux comprendre les difficultés des pauvres», explique Haji Chau Ka Dua, secrétaire du comité de gestion de la mosquée de Mubarak.
Durant le Roya Haji qui arrive 70 jours après le Ramadan, les mosquées sont littéralement prises d’assaut par les fidèles qui y organisent des festins à base de chèvre et de bœuf, sans évidemment oublier de faire acte de dévotion.
Voilà pour les coutumes religieuses. Sinon, en ce qui concerne les costumes traditionnels, ceux des Cham d’An Giang témoignent d’un certain savoir-faire artisanal. La tradition exige que les filles et les femmes tissent et cousent elles-mêmes leurs voiles et leurs costumes de noces.
Pour Ro Mak, qui est elle-même tisseuse, il n’est pas question d’y déroger, à cette tradition… «Même si c’est parfois pénible, il faut préserver le tissage traditionnel. C’est d’autant plus vrai que les touristes eux aussi semblent apprécier nos produits», dit-elle.
On ne vantera jamais assez la richesse culturelle du delta du Mékong, les surprises qu’il réserve… Et les Cham y sont incontestablement pour quelque chose.