Agent orange: Procès de dernière chance pour obtenir justice

Mercredi, 08/05/2024 16:14
L’ultime procès en appel intenté par Mme Trân Tô Nga, une Française d’origine vietnamienne, âgée de 82 ans, contre 14 firmes d’agrochimie ayant fourni à l’armée américaine le défoliant responsable de millions de victimes depuis la guerre du Vietnam, s’est ouvert le 7 mai devant la Cour d’appel de Paris.
Mme Trân Tô Nga répond à la presse, à l'issue de l'audience, à la Cour d’appel de Paris. Photo: VNA 

Trân Tô Nga, ancienne reporter de guerre, "souffre de tuberculoses à répétition, d’un cancer et d’un diabète de type II", dénonce l’association Vietnam Dioxine, en louant un procès qui représente "l’unique espoir pour les plus de trois millions de victimes de l’agent orange".

D’après le collectif, le défoliant utilisé massivement par l’armée américaine entre 1961 et 1971, aurait entraîné des conséquences à long terme sur la vie de Trân Tô Nga, exposée à la substance chimique quand elle avait 24 ans et dont elle a tiré un livre, "Ma terre empoisonnée", publié en 2016.

Ce poison "insidieux, silencieux, invisible" et ses effets ont détruit et détruisent encore aujourd’hui les terres et les corps. Au Vietnam, la malédiction de l’"agent orange" se perpétue et touche désormais la quatrième génération.

Au procès de 2021, le Tribunal d’Evry (Essonne) s’était déclaré incompétent pour traiter sa plainte contre les géants agrochimiques, en estimant que les sociétés avaient "agi sur ordre et pour le compte de l’Etat américain" et qu’elles pouvaient, de ce fait, se prévaloir de "l’immunité de juridiction".

Les firmes productrices, dont la trop célèbre Bayer-Monsanto, n’acceptent d’en assumer la responsabilité fut-ce par l’obligation élémentaire d’en assumer ce qui peut en être indemnisé.

Pour les entreprises qui répondaient aux commandes de l’Etat américain, "la marge de manœuvre était inexistante et le contrat était un carcan", a plaidé mardi 7 mai Me Jean-Daniel Bretzner, avocat de Bayer-Monsanto.

L’affaire est reconduite devant la Cour d’appel de Paris trois ans plus tard. Si les sociétés incriminées "ont répondu à un appel d’offres", elles n’ont donc pas agi sous la contrainte du gouvernement américain et cet appel d’offres n’imposait en rien la présence de dioxine dont la toxicité était connue dès les années 1950.

"Ce n’est pas un procès inéquitable. C’est un procès extrêmement juste, pour corriger une très grave iniquité", a estimé William Bourdon, l’un de ses deux avocats.

Après trois heures d’audience dans une salle si bondée que de nombreuses personnes devaient rester debout, faute de place, la Cour d’appel de Paris a annoncé qu’il rendra son verdict le 22 août.
CPV/VNA

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