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Madame professeur Le Thi Bich Huong et ses étudiants lors du programme "L'âme vietnamienne" organisé en Italie il y a un an. Photo: VNA |
«J'ai voyagé dans de nombreuses régions d'Italie pour construire des mouvements d'apprentissage et de préservation du vietnamien au sein de la communauté vietnamienne dans ce pays et encourager les étudiants italiens qui aiment le Vietnam à apprendre le vietnamien. Après près d'une décennie, j'ai apporté ma part au développement des mouvements d'apprentissage de la langue vietnamienne et de préservation de la culture vietnamienne en Italie».
C’est ce qu’a partagé Madame professeur Le Thi Bich Huong de l’Université Ca’ Foscari, lors d'une interview accordée au journaliste du Journal en ligne du Parti communiste du Vietnam.
Bien qu’elle soit née à Phu Tho, Bich Huong a passé son enfance à Sen Ho, district Viet Yen, province de Bac Giang. Sen Ho est aussi l'un des 49 anciens villages de chants populaires quan họ du Vietnam.
Elle a confié : «Mon père était ingénieur électricien mais composait activement, puis il a rejoint l'Association des musiciens du Vietnam. Ma mère a été l'un des fondateurs du club quan họ du village Sen Ho, et elle a composé de nouvelles paroles pour des chant de quan họ louant le Parti, l'Oncle Ho, la patrie, la souveraineté de la mer et des îles. c'est elle qui a ouvert une classe gratuite de quan họ pour plus de 50 enfants du village de Sen Ho ».
L’oncle de Mme Bich Huong, Tran Linh Quy, est un chercheur de quan họ, ancien directeur de l’École secondaire de l’art de Ha Bac. Un autre de ses oncles, Tran Minh Chinh, est docteur en culturologie et aussi chercheur en folklore. Il a fait une étude assez massive sur le quan họ intitulée "Activités culturelles du quan họ dans le village" qui a reçu le prix des arts folkloriques du Vietnam en 2016 pour ses précieuses contributions théoriques et pratiques à la conservation, la promotion et au développement de cet art vocal.
C'est peut-être pour cela que le quan họ a imprégné Bich Huong depuis son enfance. Quand elle est venue en Italie, Bich Huong a été enseignante de vietnamien et aussi chanteuse de quan họ. Bénévolement, elle a présenté le vietnamien et des arts folkloriques vietnamiens à ses étudiants, à des chercheurs et à ses amis italiens.
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Pham Hung Vuong, 2e à gauche. Photo: CPV |
Une femme dévouée pour la diffusion du vietnamien en Italie
Partageant les difficultés de l'enseignement du vietnamien en Italie, Mme Bich Huong a confié : «À l'Université Ca' Foscari, le vietnamien est une nouvelle matière et est donc moins populaire par rapport à d'autres langues asiatiques comme le chinois, le japonais et le sud-coréen. Il est également très difficile pour les étrangers d'apprendre le vietnamien en raison des tons».
D'autre part, selon elle, lorsque les étudiants italiens s'inscrivent en vietnamien, ils veulent aussi connaître la culture vietnamienne. Par rapport aux autres universités italiennes qui enseignent le vietnamien, celle de Ca' Foscari est la seule qui offre aux étudiants des connaissances sur l'histoire, la littérature, l'économie, la géopolitique, l'art et tous les aspects de la culture vietnamienne.
De plus, le nombre d'heures consacrées à l'étude du vietnamien n'est pas aussi élevé que dans d'autres matières. Il y a 2 cours de 2 heures par semaine (théorie et pratique). Au total, 120 heures pour toute l'année scolaire. A noter aussi que parmi les étudiants étudiant deux langues principales, le thaïlandais et le vietnamien, avec le même nombre d'heures, ceux qui obtiennent des stages en Thaïlande sont 5 fois plus nombreux que ceux faisant des stages au Vietnam.
Face à ces difficultés, a annoncé Bich Hong, moi et mes collègues appliquons de nombreuses formes de transmission afin que nos étudiants puissent à la fois apprendre facilement le vietnamien et ressentir les caractéristiques culturelles vietnamiennes à travers des chansons folkloriques et du théâtre traditionnels tels que quan họ, chèo, cải lương, opéra classique, marionnettes sur l'eau…, ou à travers les œuvres de poètes célèbres tels que Nguyen Binh, Ho Xuan Huong et Nguyen Du.
Selon Bich Huong, les étudiants italiens sont très désireux d'apprendre le vietnamien et de mieux comprendre le Vietnam en accueillant et en participant activement aux activités culturelles et parascolaires initiées par moi et mes collègues dont apprendre des chansons folkloriques vietnamiennes. Ils participent avec beaucoup de passion et de responsabilité. Parfois, ils doivent s'entraîner dans le parc ou souffrent du froid dans une salle sans chauffage pour écouter mes enseignements du Conte de Kieu (Truyện Kiều) et apprendre à lire les premiers vers de Truyện Kiều. Parfois, ils ont suivi des cours de chant et de danse en ligne jusqu'à 23 heures du soir. Parmi eux, nombre d'entre eux m'ont surpris par leur capacité à sentir et comprendre la culture vietnamienne en écrivant des contenus des programmes et en commentant des spectacles culturels.
«Je suis particulièrement touché par les efforts et les réalisations de mes étudiants italiens dans l'apprentissage du vietnamien et l’étude de la culture vietnamienne. Ce sont ces jeunes qui ont contribué pour une part importante au succès du programme "L'âme vietnamienne" organisé en Italie il y a un an. Ils y ont présenté l'histoire glorieuse du Vietnam à travers le spectacle de danse du drapeau «Dòng máu Lạc Hồng», l'hospitalité des Vietnamiens via des chansons folkloriques, des coutumes traditionnelles du Nouvel An, la marionnette sur l'eau et le Truyện Kiều de Nguyen Du…», s'est réjouie Bich Huong.
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L'étudiant Tommaso Becchi. Photo: CPV |
L'étudiant Tommaso Becchi, a confié : «Quand j'ai choisi d'étudier le vietnamien à l'âge de dix-huit ans, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'étais attiré par l'histoire du pays de l'Oncle Ho. Ensuite, connaître la langue est nécessaire pour comprendre la culture d'un pays, surtout un pays traditionnel comme le Vietnam. Je suis très content d'apprendre le vietnamien. Maintenant, j'ai hâte d'aller au Vietnam pour me promener dans le vieux quartier de Hanoï et voir les gratte-ciel d'Hô Chi Minh-Ville !»
Nawal Rebib, quant à elle, a dit : «Fascinée par la diversité culturelle de l'Asie du Sud-Est, j'ai choisi d'apprendre le vietnamien. Je suis très contente des résultats obtenus et j'ai hâte de pouvoir le pratiquer au Vietnam. Je suis une étudiante de 2e année, donc j’aimerais faire un stage au Vietnam pour améliorer mes capacités en vietnamien et mettre en pratique ce que j’ai appris durant ces années à l'Université Ca Foscari. Cependant, je trouve qu’il n'y a pas beaucoup de programmes d'études dans les universités vietnamiennes et de possibilités de stages au Vietnam. Moi et mes camarades, nous espérons que le gouvernement vietnamien créera les conditions pour que nous réalisions ce souhait ».
«Nous pensons que pouvoir faire un stage au Vietnam est une expérience nécessaire pour comprendre pleinement et profondément ce que nous apprenons en classe. En effet, étudier ou travailler au Vietnam nous permettra d’élever notre pratique de la langue, d’avoir l’accès directement avec la merveilleuse culture vietnamienne dont on ne perçoit qu'une infime partie pendant les cours. Sous la direction de Mme Huong, nous avons organisé un certain nombre d'événements pour célébrer et honorer le Vietnam et ses traditions. Nous souhaitons recevoir le soutien du gouvernement du Vietnam en termes de fourniture des matériaux et d'objets traditionnels, de livres vietnamiens, d'aide pour composer des dictionnaires, etc », a exprimé l'étudiante Chiaral Venturi.
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"Étudier ou travailler au Vietnam nous permettra d’élever notre pratique de la langue, d’avoir l’accès directement avec la merveilleuse culture vietnamienne dont on ne perçoit qu'une infime partie pendant les cours", a dit l'étudiante Chiaral Venturi. Photo: CPV |
Pham Hung Vuong, né à Thai Binh, actuellement stagiaire postdoctoral à l'Université Ca'sfocari, a partagé : «Je suis très intéressé par l’enseignement du vietnamien à l'Université Ca'sfocari. La manière d'enseigner des professeurs attire toujours les étudiants italiens. Mes collègues italiens sont très enthousiastes d'apprendre des phrases simples pour communiquer. Ils aiment bien participer à des activités comme faire la cuisine, interpréter des spectacles parce qu'ils se sentent curieux et veulent découvrir la cuisine et la culture vietnamiennes».
Selon Pham Hung Vuong, il convient de renforcer les activités de la promotion de la culture et de la cuisine vietnamiennes en Italie via le soutien et la coordination entre les associations d'amitié des deux pays (l'Association d'amitié Italie-Vietnam et l'Association d'amitié Vietnam-Italie), et de créer des opportunités de stages au Vietnam en faveur des étudiants italiens afin qu’ils puissent utiliser le vietnamien après l'obtention de leur diplôme, et ce en resserrant les liens entre universités et entreprises des deux pays.
Mme Bich Huong n’est que l’un des nombreux ambassadeurs de la culture vietnamienne en Italie. Il en existe d’autres qui sont enseignants ou étudiants, et contribuent à la construction de ponts d'amitié voire de partenariats stratégiques Vietnam-Italie.
Nous pouvons entièrement nous attendre à ce que l'enseignement et l'apprentissage du vietnamien en Italie fassent des émules ailleurs dans le monde. Si les pays réunissant un grand nombre de Vietnamiens peuvent développer de tels mouvements d’enseignement et ont des ambassadeurs dévoués comme Bich Huong, Pham Hung Vuong... en Italie, la diaspora pourra conserver l'âme nationale à long terme et servir de pont d'amitié entre le Vietnam et les pays d'accueil.