Nicolas Warnery: "Rien n’a été abandonné"

Jeudi, 15/07/2021 22:38
Au micro de la radio du Vietnam VOV, l'Ambassadeur de France Nicolas Warnery a dressé un bilan de la coopération franco-vietnamienne et la liste les projets phares à mettre en place cette année. .

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L'ambassadeur de France au Vietnam Nicolas Warnery. Photo: VOV5

Nicolas Warnery: À la suite du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien et des élections de 2021, dès que les autorités vietnamiennes ont mis en place un nouveau gouvernement, des échanges de très haut niveau ont commencé par lettres et par téléphone entre présidents et Premiers ministres. Ils ont abordé tous les sujets avec l’objectif commun de maintenir la coopération dans tous les domaines. Certes, notre coopération est affectée par la crise, mais elle se poursuit de manière active. Rien n’a été abandonné, que ce soit la culture, l’enseignement, la santé, la défense et l’économie.

Il y a un domaine dans lequel nous avons mis un peu plus d’accent ces dernières semaines, c’est l’énergie. L’Agence française de Développement (AFD) a signé deux conventions très importantes (autour de 150 millions d’euros) avec EVN (le Groupe d’Électricité vietnamien) et BIDV (la Banque de l’Investissement et du Développement du Vietnam) pour développer le financement de l’énergie verte. Un certain nombre d’entreprises comme GreenYellow ou EDF apporteront des solutions en énergies renouvelables et proposeront d’intégrer à la Stratégie énergétique du Vietnam. Nous savons qu’il y a une stratégie de réduction progressive des énergies fossiles au Vietnam et ailleurs. C’est tout à fait cohérent avec les objectifs communs que nous avons de mettre en œuvre la COP-21 de Paris et de préparer la COP-26 de Glasgow.

VOVworld: Quels sont les projets les plus importants qui sont en cours de réalisation? 
Nicolas Warnery: Le projet le plus emblématique et le plus stratégique, c’est le métro de Hanoï, du fait de l’importance des financements français (500 millions d’euros) et du nombre d’entreprises françaises mobilisées. Pour le comité populaire de Hanoï, qui, du côté client, opère et prend les décisions, l’enjeu est d’avoir un mode de circulation sûr, fiable, économique et non polluant permettant de réduire les accidents et les embouteillages. Notre objectif est donc de mettre en place le plus rapidement possible cette ligne, ou du moins le tronçon aérien.

Un deuxième projet très important, en service depuis janvier dernier, c’est le port en eau profonde de Cai Mep, dans la province de Bà Ria-Vung Tàu. Avec l’accord entre Union européenne-Vietnam, il faut que tous ces services logistiques se développent.

Un autre secteur moins connu, plus modeste à ce stade, mais qui est porteur de beaucoup d’espoir, c’est l’aquaculture. Il y a des études financées au profit du ministère de l’Agriculture et du Développement vietnamien pour valoriser cette ressource agricole.

Le dernier domaine est la gouvernance électronique. Ces dernières années, en France, nous avons beaucoup travaillé pour dématérialiser les démarches permettant aux citoyens de demander, sur un ordinateur, un permis de conduire, une carte d’identité, de voter parfois et de payer les impôts. Le Vietnam a décidé d’adopter une démarche de dématérialisation des procédures et nous l’aidons au niveau du bureau gouvernemental.

La crise sanitaire nous affecte sur le plan personnel, économique, financier, psychologique et elle change nos méthodes de travail. Beaucoup de personnes doivent travailler chez elles. Maintenant il y a des webinaires et des visioconférences pour relier les personnes d’un continent à l’autre. Tout le monde travaille de cette manière. Le citoyen veut pouvoir de plus en plus faire des choses sans bouger à distance avec son ordinateur, sans se mettre en danger, en plus sur le plan sanitaire.

Le projet le plus emblématique et le plus stratégique, c’est le métro de Hanoï, du fait de l’importance des financements français (500 millions d’euros) et du nombre d’entreprises françaises mobilisées. Photo: Tuoitre

 

VOVworld: Cette démarche est tout à fait nécessaire, notamment pendant la crise sanitaire, car elle permet de réduire les risques de contamination. Elle s’inscrit aussi dans le cadre du processus de transformation numérique prôné par le gouvernement vietnamien...
Nicolas Warnery: C’est tout à fait dans cette stratégie. J’ai participé à une réunion présidée par le Premier ministre juste après la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Vietnam. Dans la salle de réception du comité populaire, toutes les provinces connectées à l’écran comme un damier ont pris la parole les unes après les autres. Elles peuvent échanger avec les autorités en toute sécurité.

VOVworld: Nous en sommes à la deuxième année de la pandémie de Covid-19. Comment la crise sanitaire a-t-elle affecté la coopération franco-vietnamienne?

Nicolas Warnery: Dès l’été 2020, nous nous sommes rendu compte que la crise durerait. Pour maintenir tous les projets, nous avons essayé de transformer nos méthodes. Dans le domaine économique, il n’y a plus aucune visite, mais beaucoup d’échanges en ligne. Dans le domaine culturel, nous avons réussi à maintenir certains événements en présentiel à l’Institut français de Hanoï (L’Espace). Parfois, il y a des événements mixtes, à la fois en présentiel et en ligne. Par exemple, le grand programme «Photo Hanoï 2021», que nous espérons reconduire tous les deux ans et le comité populaire de Hanoï le souhaite aussi. De même, nous ne pouvons plus faire venir des artistes de France. Donc, quand nous pouvons organiser des événements à l’Espace, nous faisons appel à la jeune scène vietnamienne en musique, en théâtre, en expressions diverses, et c’est tout aussi intéressant. Lorsque le Festival de Huê qui a malheureusement été repoussé à deux reprises aura lieu, ce sera forcément les artistes locaux.

Il y a un seul domaine dans lequel nous nous accrochons absolument à la possibilité de voyager, c’est l’accueil des étudiants en France. Il est vital de maintenir ce lien dans le domaine d’éducation qui intéresse beaucoup de jeunes vietnamiens. Ce sont les premiers et les seuls pour lesquels nous avons rouvert le visa dès le mois d’août 2020. Nous continuons de les accueillir, un peu moins qu’avant, mais quasiment deux tiers des objectifs d’avant la crise.

VOVworld: Concernant la vie des ressortissants français au Vietnam, ont-ils rencontré des difficultés?

Nicolas Warnery: Au printemps 2020, le problème était de permettre à tous les touristes qui étaient là nombreux de repartir en France. Pendant six semaines, nous avons tout mis en œuvre pour aider à rentrer chez eux les gens piégés sur leur lieu de voyage. Ensuite, le gouvernement a mis en place des aides sociales à destination des Français les plus impactés par la crise économique. Aujourd’hui, nous travaillons avec les autorités vietnamiennes pour faire vacciner la communauté française sur place, dont tous nos agents de l’ambassade, du consulat général et de nos opérateurs, parce que c’est une contribution importante à la lutte contre la pandémie.

La ville de Hanoï a fait un don de 200 000 masques en tout destinés aux localités françaises (région Ile-de-France, ville de Toulouse, ville de Choisy-le-Roi). Photo: hanoi.gov.vn


C’est vrai que la pandémie nous a beaucoup affectés. Mais s’il faut positiver, la pandémie a aussi l’occasion pour nos deux pays de trouver la solidarité réciproque et la solidité de leur partenariat. Nous sommes très touchés par les dons de masques il y a un an. Nous continuons à donner, dans le cadre du programme COVAX, des doses de vaccin pour permettre à la stratégie vaccinale du Vietnam de s’accélérer. C’est un défi commun et la France aide le Vietnam à le relever, de même que le Vietnam a aidé la France à lutter contre la propagation du virus il y a un an.

VOVworld: Peut-on dire que cette entraide est le fruit d’une coopération fructueuse dans le domaine de la santé ?
Nicolas Warnery: Tout à fait! Le domaine de la santé est l’un des plus anciens et des plus attachants de notre relation bilatérale. La médecine est le domaine ayant le plus d’étudiants vietnamiens accueillis en France.

Je suis fier du fait que l’ambassade de France au Vietnam est la seule du réseau mondial où on a un Conseiller de coopération Santé qui coopère étroitement avec tout le réseau médical du Vietnam (ministère de la Santé, facultés de médecine, Instituts Pasteur, cliniques privées, etc). Cette année, nous ne faisons pas la réception du 14 juillet, par solidarité avec les décédés, les malades et les soignants de Covid-19. Par contre, nous faisons un petit événement qui sera un «Coup de chapeau» pour rendre hommage aux responsables de la lutte contre la pandémie au Vietnam. C’est une rencontre amicale organisée le 13 juillet au déjeuner, dans un cadre très restreint. 

VOVworld: D’ici la fin de cette année, quels sont les programmes, les projets que la France entend mettre en place?
Nicolas Warnery: Le plus visible et sans doute le plus important, ça reste le métro de Hanoï, parce que c’est le plus grand projet en cours qui n’est plus loin d’aboutir. Nous espérons le mettre en service des huit premières stations de la ligne dans les mois qui viennent. C’est un objectif commun avec le comité populaire de Hanoï et aux différentes entreprises contractantes.

D’ici la fin de l’année, il y aura les célébrations des trente ans de la coopération défensive, qui est un pilier très important de notre partenariat. L’illustration la plus forte est la régularité de nos escales des bateaux de la marine nationale qui transitent entre l’Europe et la Polynésie par l’Asie du Sud-Est. Ils passent évidemment en mer Orientale. On peut y voir l’enjeu stratégique, politique et juridique de ce passage. Nos marins aiment beaucoup faire escale au Vietnam où ils sont très bien accueillis. Récemment, il y avait une escale de la marine nationale et nous souhaitons pouvoir maintenir régulièrement cette présence et ce passage en mer Orientale qui correspond à nos intérêts communs et à une position politique commune dans la région.

Un dernier domaine, nous allons poursuivre l’effort en matière de formation des enseignants de français dans le système vietnamien. Si l’on veut promouvoir l’apprentissage du français auprès des enfants vietnamiens, il faut former des professeurs. Nous allons mettre en place un programme de 600 mille euros à la fin de cette année qui va être poursuivi dans les trois années qui viennent. L’objectif est de défendre la Francophonie, un patrimoine culturel commun, mais également un outil pour échanger, stimuler l’économie, réaliser des recherches, faire la médecine et beaucoup de choses en commun.

CPV/VOV5

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