Dans une piscine à Lahore, au Pakistan, le 28 avril. Photo: AFP
Les concentrations de gaz à effet de serre, l'élévation du niveau de la mer, la température et l'acidification des océans ont tous établi de nouveaux records l'année dernière, a déclaré l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son "État du climat mondial en 2021". Ce rapport est "une litanie lamentable de l'échec de l'humanité à lutter contre le dérèglement climatique", a dénoncé le chef de l'ONU, Antonio Guterres.
"Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique", a mis en garde M. Guterres, exhortant à "mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et accélérer la transition vers les énergies renouvelables avant d'incinérer notre seule maison."
L'OMM a déclaré que l'activité humaine provoquait des changements à l'échelle planétaire : sur terre, dans l'océan et dans l'atmosphère, avec des ramifications néfastes et durables pour les écosystèmes. En conférence de presse, le chef de l'OMM, Petteri Taalas, a souligné que la tension en Ukraine avait éclipsé le changement climatique, qui "reste le plus grand défi de l'humanité".
Record de chaleur
Le rapport a confirmé que les sept dernières années étaient les sept années les plus chaudes jamais enregistrées. Les phénomènes météorologiques liés à La Nina au début et à la fin de 2021 ont eu un effet refroidissant sur les températures mondiales l'année dernière. Mais malgré cela, 2021 restait l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec une température mondiale moyenne d'environ 1,11 degrés Celsius au-dessus du niveau préindustriel.
L'Accord de Paris de 2015 sur le climat vise à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. "Nous nous dirigeons maintenant vers un réchauffement de 2,5 à 3 degrés au lieu de 1,5", a assuré M. Taalas.
"Notre climat change sous nos yeux", a-t-il relevé. "La chaleur piégée par les gaz à effet de serre d'origine humaine réchauffera la planète pendant de nombreuses générations à venir. L'élévation du niveau de la mer, la chaleur et l'acidification des océans se poursuivront pendant des centaines d'années à moins que des moyens d'éliminer le carbone de l'atmosphère ne soient inventés."
Évolution de la température moyenne par rapport aux niveaux préindustriels. Photo: AFP
Réchauffement
Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau sommet mondial en 2020, lorsque la concentration de dioxyde de carbone (CO2) a atteint 413,2 parties par million dans le monde, soit 149% du niveau préindustriel. Ils ont continué d'augmenter en 2021 et au début de 2022. Et les confinements liés à la pandémie de COVID-19 n'ont eu aucun impact sur les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, selon M. Taalas.
Le niveau moyen mondial de la mer a atteint un nouveau record en 2021, après avoir augmenté en moyenne de 4,5 mm par an de 2013 à 2021. Il avait affiché une hausse moyenne de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002, l'augmentation entre les deux périodes étant "principalement due à la perte accélérée de masse de glace des calottes glaciaires", souligne le rapport. La température de l'océan a aussi atteint un niveau record l'année dernière, dépassant la valeur de 2020.
On s'attend à ce que les 2.000 premiers mètres de profondeur de l'océan continuent de se réchauffer à l'avenir - "un changement irréversible sur des échelles de temps centenaires à millénaires", a déclaré l'OMM. L'océan absorbe environ 23% des émissions annuelles de CO2 d'origine humaine dans l'atmosphère. Bien que cela ralentisse l'augmentation des concentrations atmosphériques de CO2, ce dernier réagit avec l'eau de mer et conduit à l'acidification des océans.
Pendant ce temps, le rapport indique que le trou dans la couche d'ozone de l'Antarctique est "exceptionnellement profond et étendu" de 24,8 millions de kilomètres carrés en 2021, entraîné par un vortex polaire fort et stable.
António Guterres a proposé cinq actions pour relancer la transition vers les énergies renouvelables "avant qu'il ne soit trop tard". Mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles, tripler les investissements dans les énergies renouvelables, supprimer les formalités administratives, sécuriser l'approvisionnement en matières premières pour les technologies d'énergies renouvelables et faire de ces technologies - telles que le stockage sur batterie - des biens publics mondiaux librement disponibles.