Coronavirus en France: deuxième jour de légère baisse du nombre de patients en réanimation

Samedi, 11/04/2020 14:35
Alors que le gouvernement a confirmé le renfort des contrôles pour le week-end de Pâques, les chiffres de la mortalité de l’épidémie ont montré pour le deuxième jour consécutif, vendredi 10 avril, une légère baisse du nombre de patients en réanimation dans les hôpitaux français.
Plusieurs communes, dont Cannes (ci-dessus, le 10 avril), ont lancé une opération de désinfection de leurs rues, mesure qu’ont déconseillé, mercredi, les autorités de santé, arguant de l’absence de preuves scientifique de l’utilité d’une désinfection et de potentielles conséquences néfastes pour l’environnement. Photo: AFP


Le dernier bilan est estimé à 13 197 personnes mortes du Covid-19 depuis le 1er mars, dont 8 598 en milieu hospitalier et au moins 4 599 dans les Ehpad et autres établissements sociaux et médico-sociaux recevant des personnes âgées.

Commencé le 17 mars et déjà prolongé une fois, le confinement se poursuivra après mardi, a d’ores et déjà prévenu l’Elysée. Jusqu’à quand ? Emmanuel Macron pourrait aborder la question dans son allocution prévue lundi soir, sa quatrième depuis le 12 mars.

Macron et Philippe consultent avant lundi

Mesures économiques, préparation de la sortie du confinement… MM. Macron et Philippe mènent, vendredi 10 avril, une série de réunions pour préparer l’allocution aux Français. En début de matinée, Edouard Philippe s’est entretenu en visioconférence avec l’ensemble des ministres pour faire le point sur la crise, tant sur le plan sanitaire qu’économique, ainsi que sur les travaux en cours quant à un éventuel dispositif numérique de « traçage ».

De son côté, Emmanuel Macron a participé à une réunion en visioconférence d’une heure et demie avec des chefs d’Etat et de gouvernement et des commissaires européens liés à sa famille politique au Parlement européen. Après l’accord trouvé entre les ministres européens des finances sur une réponse économique commune, cette réunion de travail a porté sur « les mesures concrètes » prises au niveau européen « pour lutter contre l’épidémie » et « relancer l’économie », fortement affectée par la crise, selon l’Elysée.

Second jour de baisse du nombre de patients en réanimation

Le bilan total de l’épidémie est estimé à 13 197 personnes mortes. Pour la seconde fois, vendredi, le solde des entrées et des sorties de malades hospitalisés en réanimation était en légère baisse. Cet indicateur, qui permet de mesurer le nombre d’ouvertures de lits, est très suivi par les professionnels, car il montre la pression sur le système de santé.

Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a déclaré lors de son point quotidien sur l’épidémie : « C’est un pâle rayon de soleil mais une timide éclaircie très importante pour l’ensemble des soignants ».

* 554 morts supplémentaires ont été comptabilisés en milieu hospitalier entre jeudi et vendredi, portant le bilan des personnes décédées dans les hôpitaux depuis le 1er mars à 8 598 ;

* le bilan concernant les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les établissements médico-sociaux s’élève à 4 599 morts ;

* 31 267 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection au coronavirus (soit 500 places de lits supplémentaires attribuées aux malades du Covid-19 en vingt-quatre heures), dont 7 004 cas graves en réanimation ; 431 personnes ont été transférées en réanimation depuis la veille ;

* toutefois, avec les sorties, le nombre de patients occupant un lit en réanimation est en baisse pour la deuxième journée consécutive avec 62 patients de moins en vingt-quatre heures.

Du côté des professionnels de santé et des salariés d’établissements médico-sociaux, 6 019 cas potentiels de contamination ont été rapportés, selon Santé publique France. Parmi eux, une quinzaine de décès ont à ce stade été rendus publics. Médecins généralistes ou urgentistes, infirmiers, aides-soignants, agents hospitaliers, cadres de santé… les professionnels de santé paient un lourd tribut.

Au moins un cas positif dans 60 % des Ehpad d’Ile-de-France

Plus de 400 des 700 Ehpad d’Ile-de-France connaissent « au moins un cas de Covid-19 », a annoncé vendredi à l’AFP Aurélien Rousseau, le directeur de l’Agence régionale de santé, estimant que la « contagion progresse vite », notamment parmi le personnel. « Nous sommes dans un contexte où le nombre de personnes contaminées parmi les personnels s’accroît à la même vitesse que dans la population générale », s’est inquiété M. Rousseau.

Le gouvernement a annoncé lundi qu’une campagne de dépistage massif serait lancée progressivement dans les Ehpad, qui ne pouvaient auparavant tester que les trois premières personnes suspectées de Covid-19.

Cinquante cas positifs au Covid-19 sur le porte-avions français « Charles-de-Gaulle »

Cinquante membres de l’équipage du porte-avions français Charles-de-Gaulle ont été testés positifs au coronavirus, a annoncé vendredi le ministère des armées, précisant que trois marins avaient été évacués « à titre préventif ». « Aucune aggravation de l’état de santé des marins à bord n’est constatée à l’heure actuelle », précise-t-on de même source. « L’objectif est d’identifier le circuit de contamination et d’appliquer le protocole permettant de limiter la propagation du virus », précise le ministère. Une équipe du service de santé des armées avait été acheminée à bord dès mercredi avec deux épidémiologistes, un expert en biosécurité et un médecin chargé des prélèvements.

La ministre des armées, Florence Parly, a par ailleurs indiqué au Sénat qu’un total de 369 cas de contamination avaient été confirmés par tests dans les armées. Elle a ajouté que 3 800 cas étaaient « probables et possibles », et annoncé que la relève de Barkhane pourrait être repoussée.

Appels à ne pas relâcher les efforts avant le week-end de Pâques

Plusieurs communes, dont Cannes (ci-dessus, le 10 avril), ont lancé une opération de désinfection de leurs rues, mesure qu’ont déconseillé, mercredi, les autorités de santé, arguant de l’absence de preuves scientifique de l’utilité d’une désinfection et de potentielles conséquences néfastes pour l’environnement.

« Le confinement marche », a salué vendredi Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique Covid-19, sur RMC. « Il faut surtout, dans le mois qui vient, continuer cet effort avec la même intensité, parce qu’il ne faudra pas que ça redémarre. » L’avis initial du conseil scientifique était un confinement d’« au moins six semaines ».

Après s’être avancé à évoquer la préparation du déconfinement, Edouard Philippe a fait marche arrière cette semaine, déclarant qu’il était appelé « de toute évidence à durer quelque temps encore » après la date de fin annoncée du 15 avril. A la veille du week-end de Pâques et en ce début de vacances pour une partie du pays, les contrôles du confinement seront renforcés sur le littoral, sur les autoroutes et dans les massifs.

Après Paris et cinq autres départements franciliens, c’est en Alsace, région très touchée par le virus, que toute activité sportive individuelle sera interdite en journée à partir de ce week-end. Une mesure similaire a également été prise à Saint-Etienne. Les sorties à plusieurs sont interdites également en Ardèche.

En Guyane, un village amérindien a été mis en quarantaine par arrêté préfectoral après la découverte d’un « foyer épidémique ». Le confinement de la population en Polynésie française est prolongé au moins jusqu’au 29 avril, a annoncé jeudi Dominique Sorain, haut-commissaire de la République de ce territoire du Pacifique Sud.

Le gouvernement prévoit « la plus grande récession en France depuis 1945 »

Alors que 6,9 millions de salariés sur près de 20 millions de salariés du privé sont concernés par le chômage partiel, un chiffre en progression constante, le produit intérieur brut (PIB) du pays s’est effondré de 6 % au premier trimestre, selon la Banque de France. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé jeudi aux Echos que le gouvernement prévoyait une récession de l’économie à − 6 % en 2020, en France.

« Il s’agit de la plus grande récession en France depuis 1945 », a dit le ministre. Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, lors du même entretien au quotidien économique, a déclaré tabler sur un déficit public de 7,6 % du PIB et une dette publique à hauteur de 112 % du PIB.

Autre annonce : le plan d’urgence pour l’économie devrait passer de 45 milliards à 100 milliards d’euros, « en additionnant la totalité des mesures budgétaires et de trésorerie en faveur des entreprises », a précisé le ministre – incluant l’indemnisation du dispositif d’activité partielle (20 milliards d’euros provisionnés), le fonds de solidarité (dont la dotation passe de 1 milliard à 5 milliards), le report de charges fiscales et sociales (à hauteur de 33 milliards d’euros). « Pour le seul budget de l’Etat, le coût passe de 6 milliards environ à presque 22,5 milliards », a détaillé M. Darmanin.

LeMonde/AFP

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