Mer Orientale: revue générale de l’opinion publique russe
Jeudi, 05/06/2014 16:01 (GMT+7)
Dans un article "Le Vietnam n’acceptera jamais" récemment publié par Gazeta.ru, l’un des trois grands journaux électroniques privés russes, le journaliste Vladimir Koryagin a analysé les preuves historiques affirmant la souveraineté "indiscutable" du Vietnam sur l’archipel de Hoang Sa (Paracel).
M. Vladimir Koryagin a également abordé les dialogues avec 5 spécialistes russes sur la Mer Orientale et les relations vietnamo-chinoises afin de fournir une vision générale de l’opinion publique russe sur cette question.
Selon M. Melnikov, premier vice-président de la Douma, la Chine et le Vietnam ont tous des intérêts en Asie-Pacifique qui les opposent depuis de longues années, notamment an matière territoriale. Comme nous le savons, l’histoire de ces deux pays comprend plusieurs affrontements militaires. Diplomatiquement, la Russie a convenu d’un partenariat stratégique avec le Vietnam comme avec la Chine. Sur le plan des relations humaines, les peuples russe, vietnamien et chinois entretiennent une amitié sincère. La position évidente, logique et correcte de Moscou repose donc sur les principes d’éviter des conflits sanglants dans le processus de règlement des différends territoriaux, et de régler ces derniers en respectant le droit international reconnu par la communauté internationale, dont le Vietnam et la Chine.
M. Kolesnik, président de l’Association des vétérans russes de la guerre au Vietnam, a indiqué que la responsabilité de ce qui s'est passé incombe exclusivement à la Chine qui a imposé sa plate-forme de forage en pleine zone économique exclusive (ZEE) du Vietnam, sans consultation préalable. Un comportement qui démontre que Pékin méprise les droits et les intérêts de ses voisins.
Une vérité historique évidente, c’est l’apparition du drapeau du Vietnam sur l’archipel de Hoang Sa à partir de 1816. Ce n’est que plus de 70 années après que la Chine a commencé à revendiquer sa souveraineté. "Je sais que les Vietnamiens n’accepteront jamais le comportement actuel de Pékin et qu’ils reviendront tôt ou tard à la +raison historique+ concernant l’archipel de Hoang Sa". Chaque recours à la force en matière de différends territoriaux ne peut que conduire qu’à une impasse, sinon dans un gouffre.
Le spécialiste Lokshin de l'Institut de l'Extrême-Orient de l'Académie russe des sciences a déclaré que le déploiement par la Chine de la plate-forme pétrolière Haiyang Shiyou-981 dans la ZEE vietnamienne est une violation flagrante du droit international et de la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer. L'avenir d’un tel conflit est très difficile à prédire car il dépend de la politique que Pékin adoptera.
Sur la base d’une carte publiée en 1947 par des fonctionnaires du Kuomintang, la Chine a imposé effrontément une interdiction de pêcher en Mer Orientale. Elle a déclaré qu’il s’agit de ses zones maritimes et a envoyé ses navires de patrouille pour chasser les bateaux de pêche du Vietnam, a-t-il ajouté.
M. Fiodor Lukyanov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans les affaires mondiales (Russia in Global Affairs), s’est déclaré convaincu que la collision en mer entre navires des deux pays sera sans conséquences majeures si la Chine retire tranquillement sa plate-forme des zones, sans faire de déclaration générale.
La Russie devrait agir sur le plan diplomatique pour diminuer les tensions actuelles. Peut-être la Chine essayera d'attirer la Russie dans son conflit avec le Vietnam, mais, "d’après moi, le soutien de la Chine n'est pas nécessaire et pas toujours positif", a-t-il souligné.
M. Ilya Usov, expert de l'Institut russe pour les études stratégiques (RISS), a souligné que Moscou maintient une position neutre s’agissant des différends en Mer Orientale. Aujourd’hui, le Vietnam est un grand partenaire stratégique de la Russie en Asie du Sud-Est. Si la Russie soutient la Chine, elle perdra tous ses amis dans cette région qui possède de grands potentiels de développement, dont le Vietnam. "Je pense que si cela arrive, ce serait une erreur".