Les agissements de Pékin, ou l’expression éclatante du "chauvinisme du grand-Han"
Mardi, 27/05/2014 16:08 (GMT+7)
Ce n'est plus l'expression d’une fierté nationale, mais celle du déshonneur du patriotisme, a ajouté le quotidien South Morning China Post rapportant ses propos.
Selon lui, la Chine ne manifeste pas seulement sa volonté d’expansionnisme au détriment du Vietnam et des Philippines. Pékin a réussi à pousser l'Indonésie, de médiateur entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est, à un point proche de l’affrontement. Deux fois lors de ces derniers mois, Jakarta a accusé Pékin d’avoir revendiqué sa souveraineté sur une partie de l’archipel des Natunas.
Toutes les zones maritimes et insulaires revendiquées par la Chine sont comprises au sein de la "ligne des neuf tronçons" qui s'étend sur plus de 1000 milles nautiques à partir des côtes du Guangdong et de l’île de Hainan, vers l’île de Bornéo, un vaste territoire que se partagent la Malaisie, l’Indonésie et le Brunei et qui couvre la quasi-totalité des eaux entre le Vietnam et les Philippines. Ces revendications représentent plus de 90% de l’espace maritime de la Mer Orientale. Toutes les déclarations sont fondées sur une base historique qui est essentiellement d’exclure l'existence des autres pays ainsi que l’histoire des échanges commerciaux dans cette zone maritime depuis ces 2000 dernières années, bien avant que la Chine ne s’étendent jusqu’aux eaux situées au sud du pays et au-delà, a rappelé Philip Bowring.
Dans sa confrontation actuelle avec le Vietnam, la Chine s'emploie à justifier que la plate-forme de forage Haiyang Shiyou-981 ait située près d’une partie de l’archipel de Hoang Sa (Paracels), illégalement occupée par celle-ci depuis 1974.
L’Indonésie, Singapour et la Malaisie ont saisi la Cour internationale de justice et accepté ses décisions. Mais la Chine ne se résigne pas à un compromis ni à comparaître devant la cour. Les activités pour un développement commun des zones contestées ne peuvent donc avoir lieu, car Pékin souhaite toujours que les pays acceptent ses revendications, a-t-il indiqué.
La Chine a affirmé sa souveraineté sur le récif de Scarborough sur la base de faits historiques qu’elle a créés et du fait qu’elle l’ait revendiqué avant les Philippines. C'est une très mauvaise base car la Chine n'a jamais eu une présence permanente sur ce récif alors que les Philippines l’ont hérité d’un accord convenu entre deux empires coloniaux occidentaux. Scarborough est situé en pleine zone économique des Philippines. Il faut rappeler que ce récif se trouve à 200 km de Luçon et à 650 km de la Chine. La revendication chinoise sur le récif de Half Moon suscite d’autant plus l'indignation. En fait, Half Moon est à 110 km de Palawan et à près de 1.500 km de la Chine.
Le fait que la Chine soutient ses revendications avec des éléments issus du gouvernement du Kuomintang est absurde. De même, le fait que de nombreux pays aient dû payer un tribut à la Chine n’est pas considéré comme un élément valable au soutien de ses revendications. C’est comme le paiement d’impôts, une forme de taxe pour faire des affaires avec la Chine. Même si la Chine a été un grand empire, cela ne peut constituer une base pour revendiquer la propriété d'un vaste territoire comme la Mer Orientale. On peut voir que la Chine veut exprimer sa prestance et sa puissance dans la région, tout comme elle l'a fait avec le Vietnam en 1979, a souligné Philip Bowring.
Le spécialiste Robert Kaplan, analyste géopolitique reconnu de Strafor, a analysé pourquoi la Chine utilise la plate-forme de forage et des canons à eau pour attaquer les navires vietnamiens. Pékin estimerait que le Vietnam ne peut recourir aux armes pour attaquer les navires chinois et la plate-forme, et que Washington ne s’impliquera pas dans un conflit entre la Chine et le Vietnam.
L’implantation de la plate-forme signifie que cette zone deviendra le territoire de la Chine, une invasion de ces eaux contestées. Pékin s’implante tranquillement et progressivement dans l’intention d’occuper cette zone maritime sans tirer une balle, et, plus particulièrement, sans susciter de réaction de la Marine américaine.