Mer Orientale: les spécialistes soutiennent le Vietnam pour un recours juridique

Mardi, 27/05/2014 15:30
C'est ce qu'a souligné Jean-Vincent Brisset, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), auteur de nombreuses études sur la Chine.

Selon lui, en dehors de la voie légale, le Vietnam devrait organiser au plus tôt une conférence consacrée aux différends en Mer Orientale réunissant les Philippines, la Malaisie, le Brunei et l'Indonésie afin de discuter de leur réaction aux agissements de la Chine. Les pays aséaniens doivent comprendre que s'ils ne sont pas unis, aucun ne pourra affronter seul la Chine, il leur faut être uni dans leur position comme dans leurs actions. Jean-Vincent Brisset a également proposé au Vietnam de davantage communiquer pour présenter au monde plus de vidéos sur le comportement des navires chinois au regard des navires de ses Garde-côtes et de ses pêcheurs.

Le déploiement de la plate-forme de forage Haiyang Shiyou-981 fait partie du plan stratégique de Pékin en vue de contrôler l’ensemble de la Mer Orientale. La Chine procède étape par étape, les Philippines d’abord puis le Vietnam, ce afin que l’ASEAN n’ait pas une réaction commune forte. Les pays aséaniens doivent sérieusement envisager le fait que Pékin poursuivra ses actes, a analysé Jean-Vincent Brisset.

Partageant le même point de vue, le professeur Jonathan London, un spécialiste du Vietnam et de l’Asie du Sud-Est de l’Université de Hong Kong, a suggéré que la meilleure façon de procéder pour le Vietnam est de continuer de présenter au monde les faits et l’évolution de la situation en Mer Orientale, à commencer par les actes de la Chine, notamment l’entrée des navires militaires dans les eaux vietnamiennes. M. Jonathan London s’est déclaré convaincu que le monde aura une vision plus claire de la situation actuelle dans cette région  maritime.

Le Vietnam doit, avec les Philippines, saisir un tribunal arbitral international afin que la communauté internationale puisse voir le vrai visage de Pékin, a suggéré André Manras de l’Institut d'Asie Orientale de l’Ecole normale supérieure de Lyon. Citant les repères historiques, il a affirmé que "le Vietnam peut parfaitement prouver que la plate-forme de forage chinoise se situe entièrement dans sa zone économique exclusive".

Selon le professeur Alan Boyle, membre du Conseil consultatif sur le droit pour les Philippines dans le procès contre la Chine, "en tant que membre de la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer de 1982 (UNCLOS), la Chine peut être attraite dans une procédure d'arbitrage obligatoire pour tous différends relatifs à l'interprétation et à l'application de cette convention. La procédure suivra son cours jusqu’au rendu d’une décision même en cas de défaut de comparution de la Chine. En cas de prochaine saisine, les premières audiences auront lieu en 2015. À mon avis, c’est une solution parfaitement envisageable pour le Vietnam".

Le professeur Zachary Abuza, spécialiste en sciences politiques et en relations extérieures en Asie de l’Est de l’Université américaine Simmons, a indiqué qu’à travers sa procédure, les Philippines veulent affirmer leur souhait de régler les différends de manière pacifique et suivant les voies légales. Si le Vietnam procède de la même façon, seul ou conjointement avec une autre partie comme les Philippines, et que la Chine continue de refuser de comparaître, elle s’isolera davantage sur la scène internationale. Le monde la considérera comme un pays intimidateur et irresponsable devant son engagement de résoudre pacifiquement les désaccords selon les termes de la Charte des Nations Unies comme de l’UNCLOS.

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