Les actions agressives de Pékin augmentent les tensions
Vendredi, 30/05/2014 15:49 (GMT+7)
A ce jour, le Vietnam fait toujours preuve de retenue. Mais le naufrage d’un bateau de pêche vietnamien met à mal la patience des Vietnamiens qui sont de plus en plus en colère devant les provocations de Pékin.
Selon The Diplomat, la plate-forme de forage Haiyang Shiyou 981 dont le coût est estimé à un milliard de dollars, est extrêmement coûteuse à exploiter sur une base quotidienne. C’est une des raisons pour laquelle les navires chinois sont agressifs dans la protection des eaux entourant la plate-forme en harcelant et endommageant les navires vietnamiens à proximité.
Partageant le même point de vue, The New York Times s’est inquiété de ce que les tensions entre le Vietnam et la Chine autour de Haiyang Shiyou 981 sont capables de monter. Le Vietnam a affirmé que les eaux entourant la plate-forme se situent entièrement dans sa zone économique exclusive et qu’il réfléchit à déposer plainte contre la Chine à un tribunal international. The New York Times a également cité l’opinion de Dennis J. Blasko, un ancien officier de l’ambassade américaine à Pékin, selon laquelle le fait qu’un navire chinois a coulé un bateau de pêche vietnamien est très inquiétant.
Selon The Los Angeles Times, Pékin est de plus en plus agressif dans les revendications maritimes en envoyant des bateaux de pêche, des navires de surveillance maritime et des navires océanographies dans les zones conflictuelles. La semaine dernière, le fait que des avions chinois violaient près de celles du Japon en Mer de Chine orientale a entraîné une réaction acrimonieuse de Tokyo. Le quotidien américain a cité le jugement du professeur Carlyle A.Thayer de l'Académie australienne de la Défense: "l’état actuel en Mer Orientale est le plus dangereux depuis 1988". Néanmoins, il s’est dit convaincu que les tensions cesseraient d’augmenter en raison des avantages économiques des deux parties.
Selon Carlyle A.Thayer, l’emplacement de la plate-forme dans les zones maritimes vietnamiennes pourrait faire partie de la stratégie de la Chine afin de rationaliser la soi-disant "ville de Sansha" établie effrontément en 2012 pour atteindre le droit de gérer lui-même les archipels de Hoang Sa (Paracels) et Truong Sa (Spratley) du Vietnam. La prochaine étape de Pékin est d'établir une "zone d'identification de la défense aérienne" en Mer Orientale, a-t-il prévu.
Dans l’hebdomadaire Defense News, Andrew Scobell, expert de l'institut d'études sociales et politiques "Rand Corporation" des Etats-Unis a récemment averti que l’installation de Haiyang Shiyou 981 dans les zones maritimes vietnamiennes entre dans le cadre de la stratégie de Pékin de provoquer un "conflit à rythme lent". Depuis les années 1970, la Chine a progressivement renforcé son contrôle en Mer Orientale dans l’ambition d’exploiter les ressources aquatiques, pétrolières et de maîtriser les voies maritimes.
L’expert Martin Murphy, du Centre américain d’évaluation du budget et des stratégies, a déclaré que la présence de Haiyang Shiyou 981 dans les eaux vietnamiennes est prévisible. D’après lui, considérant les plates-formes pétrolières comme un "territoire national mobile", Pékin a l’intention de les utiliser pour contrôler les zones maritimes.
Le docteur Gerhard Will de l'Institut allemand des affaires internationales et de la sécurité, a indiqué que le fait que la Chine envahit l’archipel de Hoang Sa (Paracels) est illégal et n’est pas reconnu par la communauté internationale. Il y a 13 ans, en décembre 2000, la Chine avait accepté de régler les différends avec le Vietnam en signant l'Accord sur la délimitation du golfe du Bac Bô (Tonkin) et celui de coopération en matière de pêche dans cette zone. "Je pense qu’il n’y pas d’autres façons pour résoudre les conflits", a-t-il souligné.
Comme les politiciens et les experts européens, "je suis entièrement d'accord que l'instabilité ou le conflit en Mer Orientale va produire des conséquences imprévisibles sur la croissance économique en Asie et dans le monde. Car l’économie chinoise est fondée sur l’intégration dans le marché international, elle devrait subir des conséquences extrêmement graves. Le choix de "mesures d'auto-défense" du Vietnam est correct, mais Hanoï doit les analyser soigneusement lors du règlement de ses désaccords avec Pékin", a suggéré Gerhard Will.
Le professeur Zachary Abuza, de l’université américaine Simmons, a estimé que la seule condamnation ne sera pas suffisante pour empêcher le comportement de la Chine pour affirmer une soi-disant "souveraineté" en Mer Orientale. Ce qui inquiète Pékin est une action spécifique menée conjointement par le Vietnam, les Philippines, l'Indonésie et la Malaisie en vue de lutter contre l'irrationalité de ces revendications. Via ses actions, la Chine veut aussi envoyer un signal aux États-Unis et au Japon, qui ont récemment exprimé leur préoccupation devant le comportement provocateur de Pékin en Mer Orientale.