Lundi, 02/06/2014 14:51 (GMT+7)
Le 1er mai, la société chinoise de pétrole offshore CNOOC a déployé la plate-forme de forage Haiyang Shiyou 981 à 15°29'58'' de latitude Nord, 111°12'06'' de longitude Est, et ce jusqu’au 15 août 2014.
Selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer 1982 (UNCLOS), cette plate-forme est située entièrement dans la ZEE et le plateau continental du Vietnam, à 200 milles nautiques de ses côtes. Hanoï a demandé à Pékin de mettre fin immédiatement à son acte illicite et de se retirer des zones maritimes vietnamiennes.
Cependant, la Chine a déclaré qu’il s’agissait d’une exploitation des ressources naturelles normale dans "ses eaux" et a accusé le Vietnam de provocation. La Chine a augmenté progressivement le nombre de navires d’escorte dont des navires militaires qui ont percuté des navires vietnamiens chargés de faire appliquer la loi, aspergé les équipages avec des canons à eau.
Violation provocatrice
Haiyang Shiyou 981 est imposée à 130 milles marins de la côte du Vietnam, à 119 milles marins de l'île de Ly Son et à 182 milles marins de l’île chinoise de Hainan. Elle se trouve aussi à 17 et 103 milles nautiques respectivement des îles de Tri Tôn et de Phu Lâm relevant de l’archipel de Hoang Sa (Paracels).
Selon l’UNCLOS de 1982 dont le Vietnam et la Chine font partie, chaque État côtier a un droit souverain sur sa zone économique exclusive de 200 milles marins et sur son plateau continental dont la largeur minimale des 200 milles marins, également, mesurées à partir de leurs lignes de base. Calculant la côte vietnamienne et de l’île de Hainan, Haiyang Shiyou 981 se situe la zone où les ZEE des deux parties se chevauchent. Néanmoins, le droit de la mer a clairement défini que dans la zone maritime de chevauchement, les parties ne doivent pas entreprendre d’actions unilatérales de prospection et d’exploitation au-delà de la ligne médiane ou équidistante, mais au contraire négocier ou avoir des arrangements temporaires en attendant la délimitation finale.
Le problème devient plus complexe quand il s'agit de la corrélation entre la côte vietnamienne et l’archipel de Hoang Sa. Hoang Sa est revendiqué par le Vietnam depuis le 17e siècle mais a été occupé par la Chine en recourant à la force en 1974. Pékin a annoncé une ligne de base pour cet archipel en 1996, et l’île de Tri Tôn est l'un des points les plus saillants vers le sud de cette ligne de base. Cette déclaration est critiquée par le monde. Cependant, la Chine a toujours dit que le soi-disant "l'archipel de Xisha" (Hoang Sa) lui appartient sans négociations possible.
Plus gravement, la Chine a déclaré en juillet 2012 établir la prétendue "ville de Sansha" dont le siège se trouve sur l'île de Yong Xing (Phu Lâm en vietnamien) et gérer l’ensemble des zones maritimes dans la "ligne de la langue de bœuf" qui représentent 80% de la superficie de la Mer Orientale.
Le Vietnam n’accepte jamais que les îles de Phu Lâm, de Tri Ton et d’autres géophysiques de l’archipel de Hoang Sa appartiennent à la Chine. Dans la ZEE et le plateau continental, les États côtiers ont les droits souverains sur les ressources naturelles et la juridiction sur l'installation, l'utilisation, le maintien et la réparation des ouvrages sur la mer. Par conséquent, le fait que Pékin a déployé unilatéralement des activités de forage, de prospection et d’exploitation dans les zones maritimes d’autres pays est considéré comme une violation provocatrice.
Quelques points
Depuis 1988, le dernier conflit entre le Vietnam et la Chine, il y a quelques points à noter :
Premièrement, les actions de la Chine semblent agressives en dépit du droit international et des engagements régionaux.
Deuxièmement, le Vietnam fait toujours preuve de retenu et s’abstient de recourir aux mesures militaires mais se montre ferme. Pour la première fois, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a dénoncé les activités illégales de la Chine dans les zones maritimes vietnamiennes lors des forums de l’ASEAN et du monde. Le chef du gouvernement a déclaré que "le Vietnam est déterminé à défendre sa souveraineté et ses intérêts légitimes car la souveraineté territoriale, maritime et insulaire est sacrée. Nous souhaitons toujours la paix et l'amitié sur la base de garantir l'indépendance, l'autonomie, la souveraineté, l'intégrité territoriale et maritime. Nous n’acceptons jamais de changer ces choses sacrées pour recevoir paix et amitié illusoires, et dépendantes".
Troisièmement, la communauté internationale a réagi fortement devant les actions de Pékin. Les critiques venaient de Washington, de l'Union européenne, de l'Asie du Nord-Est et de l'Asie du Sud-Est .
Quatrièmement, l'ASEAN s’est affirmée en tant que bloc uni face à la pression de la Chine dans l’intention de diviser celle-ci en élaborant une déclaration des ministres des Affaires étrangères sur la Mer Orientale, sans précédent 19 ans après l’incident de "Da Vanh Khan" (Mischief Reef) en 1995.
Ce que Pékin ne veut pas est d’internationaliser la question de la Mer Orientale. Et contrairement à ses calculs, l'ASEAN a montré sa solidarité en remettant la situation de cette région maritime dans les documents de ses sommets, notamment la déclaration Nay Pyi Taw et la déclaration du président sur les résultats du 24e sommet en mai 2014.
Le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a appelé l'ASEAN s’est exprimé sur la question de la Mer Orientale. Le ministre indonésien des Affaires étrangères Marty Natalegawa a demandé à la Chine de respecter ses engagements pris dans la Déclaration sur la conduite des parties en Mer Orientale (DOC). Selon lui, Pékin veut toujours résoudre les différends maritimes sur une base bilatérale sans la participation d'un tiers.
Cependant, l’installation illégale de la plate-forme de forage chinoise dans les eaux vietnamiennes n’est pas une question bilatérale mais une question régionale. L’ASEAN doit avoir une "responsabilité particulière" pour s'assurer que les deux parties dialogueront pour régler les désaccords.
Enfin, les manifestations des Vietnamiens en vue d’exprimer leur patriotisme ont eu lieu non seulement au Vietnam mais encore dans les pays à travers le monde où vivent de nombreux Viêt kiêu.