La mère de la mariée lui donne des conseils le jour des noces. Photo: VNP
Le mariage de Ly Lao Ta et Phàn Lo Mây dans la commune de Ta Phin, province de Lào Cai, a préservé les rituels traditionnels d’une cérémonie de mariage des Dao rouges, affichant les valeurs d’humanité et de solidarité communautaire, transmises de génération en génération. Quelques mois avant le mariage, en choisissant un jour propice, les parents de Ly Lao Ta se rend chez Phàn Lo Mây.
Ce jour-là, les deux familles parlent des offrandes de mariage, de la date et de l’heure de la cérémonie. Toutes ces informations sont notées sur deux papiers rouges et chaque famille en conserve un. Lors de la cérémonie de fiançailles, les parents du marié offrent à leur future belle-fille une paire de bracelets en argent, grâce à laquelle la jeune fille devient officiellement une fiancée.
La famille du marié Ly Lao Ta (droite) accueille la délégation de Phàn Lo Mây.
Un banquet préparé avec l’aide de villageois
La famille du marié est chargée de préparer le grand banquet du mariage qui réunira presque tous les villageois. Parmi les aliments, on compte des cochons, des poulets, de l’alcool. Selon les coutumes, les Dao rouges de Ta Phin considèrent le travail de chaque famille de la commune comme le leur.
Le jour J, des villageois apportent leurs propres poulets, vin, cochons et riz pour aider la famille du marié à enrichir le menu. Le propriétaire note alors tout ce que leurs voisins lui offrent pour qu’un jour il leur rapportera les mêmes choses.
Quant à la mariée Phàn Lo Mây, après la cérémonie de fiançailles, elle ne reste qu’à la maison pour tisser, broder et préparer sa tenue de mariage.
Le mariage de Ly Lao Ta et Phàn Lo Mây est célébré sans interruption durant trois jours et trois nuits. Le premier jour, les deux familles organisent une cérémonie de prière aux ancêtres et de présentation du marié chez la mariée. Le lendemain, c’est le cortège familial, conduit par une troupe de joueurs de hautbois et de tambourins, pour amener Phàn Lo Mây chez Ly Lao Ta. Chez lui, les membres de la mariée sont invités à boire de l’alcool à tour de rôle, puis à prendre un repas nuptial.
La mariée, qui porte un couvre-chef élaboré cachant son visage, entre dans la famille du marié.
À la suite de cette réception, la mariée doit rester dans une petite cabane à côté de la maison du marié et attendre jusqu’au petit matin le lendemain pour pouvoir entrer dans la maison. Vers 02h00 du matin du 3e jour, les deux belles-familles, assises autour du plateau d’offrandes en mémoire des ancêtres, boivent ensemble de l’alcool, chantent des chansons-poèmes et détaillent leur situation familiale, le processus d’éducation des mariés… À l’heure fixée, le marié est conduit à la rencontre de la mariée, puis ils font ensemble des prières devant l’autel des ancêtres.
Après avoir procédé à un culte pour les ancêtres et salué ses parents et beaux-parents, la mariée apporte de l’eau à ses beaux-parents avec laquelle ils se sont lavés le visage. Après ce rite, elle est reconnue membre officiel. En fin de cérémonie, la délégation de la famille de Phàn Lo Mây salue celle du marié et rentre chez elle. Le marié, quant à lui, salue son beau-père et lui offre en guise de cadeau une hotte remplie de viande de porc, de riz gluant et d’alcool.
Malgré des centaines d’années d’existence, ces coutumes maritales sont toujours perpétuées par les Dao rouges, enrichissant leur vie culturelle et spirituelle.