Vietnam - Belgique: une relation de cinq décennies qui évolue

Mercredi, 22/03/2023 10:52
À l’occasion des célébrations des 50 ans des relations diplomatiques Vietnam - Belgique (22 mars 1973), l’ambassadeur de Belgique au Vietnam, Karl Van den Bossche, a accordé une interview exclusive au Courrier du Vietnam dans laquelle il a mis en exergue des volets de coopération importants.

50 ans de l'établissement des relations diplomatiques Vietnam-Belgique

Approfondissement de la coopération entre la Belgique et le Vietnam

Séminaire sur la coopération entre le Vietnam et la Belgique

L’ambassadeur de Belgique au Vietnam, Karl Van den Bossche. Photo: VNA 

Le Vietnam et la Belgique fêtent le 22 mars 2023 le 50e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Comment évaluez-vous la coopération bilatérale ces cinq dernières décennies ? Pourriez-vous en citer les axes les plus importants ?

Dès l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, la Belgique a réagi rapidement et en concertation avec les pays voisins de l’Union européenne tels que le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Italie pour reconnaître le Vietnam, la nouvelle République. L’objectif était de soutenir le retour à la stabilité d'un pays qui avait été totalement ravagé par des siècles de guerre. Nous sommes conscients en Belgique de ce que cela représente, ayant été témoins de deux guerres mondiales.

Dès le début, des associations belgo-vietnamiennes ont été créées afin d'aider le Vietnam à trouver sa place sur la scène internationale. Ces associations existent encore aujourd'hui.

La priorité belge a été mise sur le développement du Vietnam. Ainsi, la coopération était axée sur l’autonomie agricole et la création de valeur ajoutée. Des projets d’irrigation et la lutte contre le changement climatique se sont mis en œuvre dans des provinces du Centre comme Hà Tinh, Ninh Thuân et Binh Thuân. Par ailleurs, la coopération bilatérale a aidé le Vietnam à développer, entre autres, son industrie de l’aquaculture.

Nous avons vu s’adapter le pays au monde interconnecté après le Dôi moi (Renouveau): une ouverture qui a aidé la population à trouver un niveau de croissance économique historique. Petit à petit, le Vietnam est devenu un partenaire responsable, fiable et stable. Au fil des années, ces développements lui ont permis de devenir un pays à revenu moyen, et un acteur industriel important. C’est pourquoi que nous avons décidé, en 2018, de basculer l’approche de notre relation bilatérale vers une interdépendance économique et financière, plutôt que de continuer la coopération au développement.

Une programmation est-elle prévue par l’ambassade de Belgique et ses partenaires vietnamiens afin de célébrer le cinquantenaire des liens bilatéraux ?

Nous lançons aujourd'hui le 22 mars 2023 le logo pour célébrer les 50 ans de nos relations bilatérales. Pour ce projet, nous avons fait appel à une jeune artiste vietnamienne qui a su représenter cette étape historique au mieux. Une compétition en ligne via nos médias sociaux a généré un succès fou avec plus de 130 propositions envoyées. Ce mois-ci sera également le début d’une période de visites officielles, souvent accompagnées par des délégations d’affaires. Nous organiserons des événements autour de ces visites. Ainsi, le ministre-président du gouvernement flamand Jan Jambon visitera le Vietnam vers septembre prochain.

Une deuxième mission économique présidée par le ministre wallon de l’Économie, Willy Borsus, est à l’étude. Et nous serions très honorés de pouvoir organiser une visite d’État de leurs Majestés le roi Philippe et la reine Mathilde des Belges au Vietnam en 2024. Nous travaillons main dans la main avec le gouvernement vietnamien pour obtenir le meilleur scénario.

Les deux pays ont conclu en 2018 un accord de partenariat stratégique dans l’agriculture. Quels en sont les résultats et les points à retenir ?


Les résultats sont insuffisants à ce stade. À peine conclu, la mise en œuvre de cet accord n’a pu se faire à cause de la pandémie de COVID-19. Nous avons perdu quelques années mais en même temps, la période écoulée a permis de mieux comprendre les vrais défis du Vietnam. Le potentiel est énorme, et il faut permettre à votre pays d’en tirer le meilleur profit. Le but ultime est la chaîne intégrée de haute valeur ajoutée. De la culture ou de l’élevage, vers le stockage et le traitement des produits alimentaires de base vers des denrées alimentaires à destination de marchés au Vietnam et à l’étranger.

À part la logistique maritime - le complexe industriel DEEP C dans la ville portuaire de Hai Phong (Nord) est le plus grand investissement au Vietnam - la Belgique a de quoi proposer. La chaîne du froid en est un exemple : un projet de containeurs refroidis au Mékong s’est avéré très bénéficiaire pour les communautés agricoles. Un agrandissement d’échelle est à l’étude. De plus, nos technologies d’engineering agricole peuvent servir le Vietnam à améliorer la rentabilité. La coopération académique dans l’aquaculture est un autre exemple de réussite.

Dans notre approche belge, nous ne voulons jamais viser le profit “sec”. Il est important de garder à l’esprit la coopération et la confiance mutuelle, qui est à la base du succès commercial. En même temps, le bien-être social et le développement de la communauté rurale sont des points d’attention. Cette approche, nous l’appliquons par exemple dans la filière du cacao vietnamien, avec nos entreprises.

Outre l’agriculture, la Belgique envisage-t-elle d’étendre sa collaboration avec le Vietnam à de nouveaux secteurs ces prochaines années ?


Nos entreprises sont à la pointe de l’industrie verte: la Belgique était un pionnier dans l’énergie éolienne en mer du Nord. Nous nous efforçons d’attendre les objectifs de zéro émission. C’est une lutte partagée et le Vietnam s’est fixé pour objectif d’y parvenir. Nous devons travailler ensemble afin de faire face au changement climatique et de faire de notre mieux pour conserver la planète pour les prochaines générations. Les technologies innovantes - par exemple dans la gestion intégrée de l’électricité - seront à la base du développement intensifié du Vietnam. Le nouveau programme de l’Union européenne (Global Gateway) sera une opportunité pour travailler davantage ensemble.

À part l’énergie verte, la Belgique est un carrefour logistique et figure comme un des ports d’entrée principaux de l’Europe. Nos entreprises dans ce domaine ont optimisé les flux commerciaux à travers l’Union européenne. De plus, l’industrie pharmaceutique basée en Belgique sert le monde entier en vaccins et médicaments essentiels.

Dans le cadre des 50 ans, des visites bilatérales sont prévues. Ce sera une occasion pour nos entreprises de mieux connaître les besoins du Vietnam dans tous ces domaines.

Les pays sont tous deux membres de la Francophonie. L’ambassade de Belgique a-t-elle des plans d’actions pour renforcer leur coopération, ainsi que le développement de la communauté francophone au Vietnam ?


Comme vous le savez, le niveau fédéral en Belgique n’a plus aucune compétence dans le domaine des langues. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes absents de la scène. En effet, nous soutenons les collègues de Wallonie-Bruxelles International, qui représentent la Belgique francophone au Vietnam avec beaucoup d’enthousiasme. Leur programme d’actions est très étoffé pour 2023 (festival du film, entraînement de journalistes par une experte belge...) et je m’en réjouis!

J’ai assisté également, et avec plaisir, aux festivités dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie (20 mars), au lycée Chu Van An à Hanoï. Quel enthousiasme ! Quel spectacle ! C’est dans des moments pareils que je me rends compte de la motivation de la jeunesse vietnamienne à explorer le français./.

CPV/CVN

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