Selon World Footwear Yearbook, en 2018, le Vietnam était le 2e exportateur mondial de chaussures. Photo: congluan.vn
Le 6 juin dernier, le président américain Donald Trump a réitéré sa menace de taxer "au moins" 300 milliards de dollars supplémentaires d'importations chinoises.
Il est probable que de nombreux importateurs américains devront chercher d’autres fournisseurs, et le Vietnam constitue un choix intéressant. Ceci ouvrira-t-il de bonnes opportunités ou au contraire cela posera-t-il des défis à la filière nationale de la chaussure ces prochaines années ? Une question à laquelle il est encore difficile de répondre.
Selon World Footwear Yearbook, en 2018, la première puissance mondiale a importé près de 2,4 milliards de paires de chaussures de toutes catégories, pour une valeur totale de 26,26 milliards de dollars. La Chine s'est classée 1er fournisseur avec 56% des parts de marché, devant le Vietnam (22%), l’Indonésie (6%), l’Italie (5%) et l’Inde (2%).
Parmi ces 5 premiers fournisseurs de chaussures et sandales aux Etats-Unis, le prix d’export moyen d’une paire venant d’Italie est de 76,3 dollars, contre 8,58 dollars pour une paire venant de Chine. Viennent ensuite 13,92 dollars/paire pour le Vietnam, 14,6 dollars/paire pour l’Indonésie, et 18,2 dollars/paire pour l’Inde. Il apparaît donc que le Vietnam est une destination de production très économique.
Toujours selon World Footwear Yearbook, en 2018, le Vietnam était le 2e exportateur mondial de chaussures, avec plus d’un milliard de paires, juste derrière la Chine (9,67 milliards de paires). L’Indonésie, l’Italie et l’Inde, quant à elles, sont respectivement aux 6e, 7e et 9e places mondiales, avec 217, 216 et 183 millions de paires.
Avec la lourde taxation mise en place par les Etats-Unis et l’augmentation croissante des coûts de production en Chine, de nombreux fabricants implantés en Chine envisagent une délocalisation, et le Vietnam apparaît comme une des meilleures destinations.
Il est clair que les entreprises étrangères, fortes en fonds, expériences et technologies, établiront une chaîne de production fermée au Vietnam, entraînant un fort développement de l'industrie auxiliaire dans le pays. Les opportunités de doper les exportations nationales sur le marché américain seront alors immenses.
Cependant, on ne sait pas comment le conflit commercial sino-américain va évoluer. Personne ne peut savoir quand cette crise se terminera. Ce qui est certain, c'est que les opportunités pour la filière nationale de la chaussure générées par cette crise seront plus instables que celles tirées d'un accord commercial.
La délocalisation d'une série d'usines de la Chine vers le Vietnam posera aussi de nouveaux défis en termes de construction de parcs industriels, de pollution, de transports...
Sans compter que l'excédent commercial du Vietnam avec les Etats-Unis pourrait augmenter fortement. Le risque d'une hausse par la partie américaine des barrières douanières et techniques en vue d'équilibrer sa balance commerciale est élevé.
Le Vietnam applique des politiques économiques très ouvertes, soutenues par des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux, l'encouragement à l'investissement étranger. Les opportunités sont immenses, mais les défis le sont tout autant !