Croissance économique: la zone euro dépasse les États-Unis

Jeudi, 02/02/2023 11:40
Le PIB de la zone euro en 2022, qui a augmenté de 3,5 %, est supérieur à celui des États-Unis et de la Chine pour la première fois depuis 1974, a indiqué l'office statistique de l'Union européenne - Eurostat.

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Le drapeau de la zone euro est projeté sur la façade sud du siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, en Allemagne. Photo: Reuters 

Selon le Wall Street Journal, il est inhabituel que le PIB régional soit supérieur à celui des États-Unis et de la Chine. Depuis des décennies, le classement des trois principaux moteurs de l'économie mondiale est resté stable. En tête la Chine suivie des États-Unis, puis de la zone euro. Cependant, cet ordre a changé l'année dernière en raison des différentes réouvertures post-pandémiques des grandes économies.

Les données officielles publiées la semaine dernière ont montré que le PIB américain a augmenté de 2,1 % en 2022, en forte baisse par rapport au taux de 5,9 % enregistré en 2021. Avant cela, l'Agence chinoise des statistiques avait également indiqué que la deuxième économie mondiale a connu une croissance de 3 % l'an dernier, contre 8,1 % en 2021.
 
En 1974 la croissance du PIB de la zone euro avait été plus élevée que celle de la Chine et des États-Unis. L'économie américaine a souvent dépassé les économies européennes au cours de ces dernières décennies, principalement en raison de la croissance plus rapide de sa population. Ces dernières années, les États-Unis ont dépassé l'Europe dans le développement technologique.
 
En Europe, l'impact de la reprise post-pandémique sur l'économie l'année dernière a été si fort qu'il a plus que compensé le conflit en Ukraine, avec la flambée des prix de l'énergie qui en a résulté. De plus, des conditions météorologiques plus clémentes et le soutien du gouvernement ont atténué l'impact de la hausse des prix de l'énergie, aidant l'économie de la région au 4ème trimestre à encore croître de 0,1 % par rapport au 3ème trimestre, selon Eurostat. Ce résultat contraste avec les prévisions des économistes d'une baisse de 0,1%, relayées par Reuters.
 
Bert Colijn, économiste senior à la banque ING, a déclaré que l'économie européenne a fait preuve d'une "incroyable résilience" face à la crise énergétique provoquée par le conflit en Ukraine.
 
Les économistes prévoient depuis plusieurs mois une profonde récession et des pénuries d'énergie. Mais un hiver moins froid que prévu, la chute des prix de l'essence et un soutien gouvernemental généreux ont aidé l'Europe à éviter cette perspective. John Leiper, directeur des investissements chez Titan Asset Management, a déclaré que l'Europe avait affiché "un bon bilan" l'année dernière malgré les nombreux défis.  
 
Les classements de croissance inhabituels de l'année dernière ont largement reflété l'impact de la pandémie sur l'économie mondiale, avec des durées de confinement et des dates de réouverture différentes entraînant de fortes fluctuations de croissance, ainsi que des taux d'inflation élevés.
 
"2022 est une année étrange", a déclaré la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, lors d'une table ronde tenue lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos au début du mois.
 
Mais ce remaniement du classement de l'année écoulée pourrait ne pas se poursuivre. Car au fur et à mesure que la Chine s'ouvrira, il est probable qu'elle retrouvera sa position en tant que leader de la croissance parmi les trois principaux piliers économiques. Et la guerre en Ukraine aura un impact plus important sur l'économie européenne que sur les États-Unis ou la Chine.
 
Les trois principales économies ont fermé leurs frontières en 2020. Mais les États-Unis se sont réouverts début 2021, bien avant la zone euro et la Chine. Le processus de réouverture de l'Europe commence plus tard et a duré jusqu'au premier semestre 2022, lorsque l'industrie touristique de la région s'est redressée. Alors que la Chine a traversé une série de confinements dans le cadre de sa politique "Zéro Covid", la zone euro a connu sa première année complète sans restrictions liées à la pandémie.
 
Cette année, c'est au tour de la Chine de s'ouvrir, ce qui pourrait avoir un gros impact sur la croissance. Et à partir de 2024, l'impact de la pandémie diminuera, à moins qu'un nouveau variant de coronavirus plus pathogène n'émerge.
  
Les taux d'inflation élevés, en partie un "héritage" de la pandémie, devraient également décroître en 2024. L'inflation a commencé à s'accélérer au début de 2021 à mesure que les États-Unis et d'autres économies rouvraient leurs frontières, ce qui a entraîné une flambée de la demande de biens et de services à un moment où les chaînes d'approvisionnement mondiales restaient faibles.
 
Les taux d'inflation dans le monde montrent des signes d'apaisement grâce à l'évolution exceptionnellement positive des banques centrales. La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux d'intérêt de plus de 4 % depuis mars 2022, la plus forte augmentation sur un an depuis 1980.
 
La BCE a relevé les siens à un rythme plus lent, à 2,5 %, mais aussi le plus rapidement depuis sa création en 1998. Les deux banques centrales devraient relever leurs taux d'intérêt directeurs cette semaine, la BCE étant susceptible de resserrer plus que la Fed./.

Thuy Hanh

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