L'article de l'association Collectif Vietnam-Dioxine publié sur le journal français Le Monde.
Le journal Le Monde de France a récemment publié un article de l'association Collectif Vietnam-Dioxine, appelant les hommes politiques français et la communauté internationale à soutenir les victimes de l'Agent orange (AO)/dioxine au Vietnam et à demander l’instauration d’une journée officielle de commémoration des victimes.
Intitulé "Nous voulons briser le silence sur les conséquences de l’agent orange au Vietnam", l'article affirmait que soixante ans après le début des épandages massifs par l’armée américaine de l’herbicide, les conséquences en sont encore présentes.
Il y a des drames qui tombent dans l’oubli ; des histoires qui, à force de rester dans l’ombre, s’éteignent avec les individus qui les portent, a souligné l’article dans une tribune au Monde.
L’article a écrit: "Il y a soixante ans, le 10 août 1961, débutaient les premiers épandages d’agent orange, un puissant herbicide contenant de la dioxine, substance à l’origine de nombreux cas de cancers et de malformations à la naissance".
Cet herbicide a été déversé sur la partie sud du Vietnam par l’armée des Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam, afin de détruire le couvert végétal et débusquer, ainsi, les résistants vietnamiens qui s’y réfugiaient.
Il y a soixante ans, l’histoire de cette guerre commençait à peine à s’écrire, mais que nous reste-t-il de ce récit ? Nous, citoyens d’un pays, la France, qui a colonisé le Vietnam à partir de l’année 1858, qui a recruté de force des "soldats ouvriers" (les "Linh Tho" lors de la première guerre mondiale, puis les "Cong Binh", durant la seconde); qui, au sortir de la deuxième guerre mondiale, lui a refusé l’indépendance en combattant celles et ceux qui luttaient pour ce droit inaliénable, et qui depuis 1975, a accueilli des centaines de milliers de Vietnamiens sur son sol, que savons-nous de leur histoire ?
L’article a souligné que l’enseignement se contente aujourd’hui de balayer les grandes lignes, en omettant les conséquences désastreuses – et pourtant terriblement actuelles – de la guerre sur les écosystèmes et les habitants. Il omet aussi, bien trop souvent, d’appuyer la différence entre le napalm et l’agent orange, dont les Français ne discernent pas toujours la nature, sans doute à cause de l’absence à l’époque de représentations des ravages causés par l’agent orange et du cliché, devenu célèbre, d’une enfant vietnamienne brûlée au napalm en 1972.
Le pays et le peuple vietnamiens sont habitués à voir des visages et des corps défigurés, et les malheureux sont également habitués à vivre dans le silence et à endurer la douleur, selon l'article, soulignant qu'il est nécessaire de briser ce silence.
L'association Collectif Vietnam-Dioxine a fait valoir que toutes les victimes d'OA ne méritent pas de subir la douleur et les désavantages, vivent dans des conditions difficiles et n'ont quasiment aucun accès aux services.
Elle a souligné la nécessité de lutter pour la justice pour eux au Vietnam ainsi que dans d'autres pays.
Collectif Vietnam-Dioxine a proposé aux parlementaires français de participer à la réparation des injustices subies par toutes les victimes d'AO en reconnaissant les crimes commis au Vietnam et dans ses pays voisins comme le Cambodge et le Laos.
Elle a également appelé à envisager de présenter l'impact de la guerre du Vietnam sur les personnes et les écosystèmes dans les écoles.
L'association a affirmé qu'elle continuera à unir ses efforts pour soutenir le Vietnam.
De 1961 à 1971, l'armée américaine a déversé 80 millions de litres de défoliants au Vietnam, lesquels contenaient près de 400 kg de dioxine, un produit hautement toxique qui perturbe les fonctions hormonales, immunitaires et reproductives de l'organisme.
Plus de 20% des forêts du Sud du Vietnam ont été "défoliées" au moins une fois et dix millions d'hectares de terres agricoles ont été détruits. Les actions sont restées secrètes jusqu'à la fin de 1965. Ce n'est que lorsque des enquêtes ont été faites au Congrès que le gouvernement a réussi à expliquer qu'il ne s'agissait pas de guerre chimique, mais que des herbicides étaient utilisés pour détruire les récoltes des agriculteurs.
L'agent orange/dioxine détruit l'environnement, bouleverse les écosystèmes et entraîne de lourdes pertes de ressources en bois, ainsi que la disparition de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées d'extinction. Mangroves et forêts en amont de 28 grands fleuves vietnamiens ont été gravement endommagées. Ce sont les causes de catastrophes naturelles, d’inondations, d’érosion et de sécheresses de plus en plus fréquentes.
Dans les anciennes bases militaires américaines utilisées pour le stockage et le mélange de produits chimiques toxiques, la quantité de dioxine restante est évaluée à plusieurs milliers de fois plus élevée que la concentration autorisée, notamment dans les aéroports de Biên Hoa (province de Dông Nai), Da Nang (ville éponyme) et Phu Cat (province de Binh Dinh).
Lors de la deuxième conférence internationale sur les herbicides toxiques utilisés par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam et ses effets à long terme sur la nature et les humains tenue à Hanoï en 1993, de nombreux scientifiques vietnamiens et étrangers ont confirmé que l'agent orange utilisé par l'armée américaine a détruit la nature, les plantes, la santé humaine, et a causé de nombreuses maladies graves.
À ce jour, la population vietnamienne ainsi que les descendants de vétérans américains subissent encore les conséquences dramatiques de ce produit: malformations, handicaps, retards moteurs et mentaux, autant d'effets dévastateurs touchant les 3e et maintenant 4e générations de familles.
L'Association des victimes de l'agent orange/dioxine du Vietnam estime qu'environ trois millions de Vietnamiens ont souffert de maladies liées à l'agent orange, dont au moins 150.000 enfants nés avec des malformations congénitales et au moins un million sont gravement touchés par l'agent orange/dioxine./.