Le Vietnam reste un "dragon émergent" malgré la pandémie de COVID-19
"Nous pensons que l'économie vietnamienne se rétablira plus rapidement que la plupart des autres pays d'Asie du Sud-Est", ont déclaré les économistes de QNB Group - Banque nationale du Qatar, cité par Gulf Times. L'économie vietnamienne est très résiliente et reste un "dragon émergent" malgré la pandémie de COVID-19, ont-ils déclaré.
Photo d'illustration/ AFP
Le Vietnam a connu une croissance régulière et une faible inflation ces dernières années, principalement en raison des efforts de réforme du gouvernement, des contraintes budgétaires et des mesures visant à renforcer le secteur bancaire. "L'augmentation des tensions commerciales mondiales et la volatilité dans les économies émergentes se sont fait sentir au Vietnam en 2019. Cependant, l'économie vietnamienne est très résistante."
La fermeture rapide et efficace des frontières ainsi qu'un traçage des cas contacts ont permis au Vietnam de surmonter la pandémie plus rapidement que d'autres pays d'Asie du Sud-Est. Malgré cela, la croissance du PIB a fortement ralenti au premier semestre en raison de l'impact des mesures de confinement.
"Nous nous attendons à ce que l'économie vietnamienne se rétablisse plus tôt et plus rapidement que la plupart des autres pays, et ce pour deux raisons principales", ont déclaré les experts.
Premièrement, le Vietnam a considérablement assoupli la distanciation sociale et fermé les frontières. Les succès dans la prévention de la propagation du virus ont permis au Vietnam de commencer à se détendre dès avril. Les entreprises et les écoles ont rouvert, les transports locaux ont repris, y compris les vols intérieurs. Les données mobiles d'Apple et de Google montrent que le Vietnam est l'un des rares endroits au monde où la reprise est fondamentalement normale.
Deuxièmement, le renforcement de la chaîne d'approvisionnement profitera au Vietnam. Le COVID-19 a prouvé la vulnérabilité d'une chaîne d'approvisionnement mondiale trop ciblée.
Grâce à des réformes favorables au marché et à un nombre croissant d'accords de libre-échange, le Vietnam a fait des progrès remarquables pour attirer les investissements étrangers. Le pays s’affirme comme une option intéressante pour les entreprises qui envisagent d'implanter ou de délocaliser des usines. "Par conséquent, nous pensons que l'économie du Vietnam se rétablira plus rapidement que la plupart des autres pays d'Asie du Sud-Est", ont réaffirmé des experts.
De nombreuses grandes multinationales opèrent déjà au Vietnam ou prévoient d'y investir. L'exemple le plus évident est Samsung, le plus grand investisseur étranger au Vietnam, avec un investissement déclaré de 17 milliards de dollars. Plus récemment, Samsung a commencé la construction au Vietnam d’un centre de R&D de 220 millions de dollars. En outre, des médias indiquent que Google, Dell, Amazon, Apple et Nintendo effectuent actuellement ou examinent activement des investissements.
"L'autre grand succès de fabrication du Vietnam se situe dans le domaine des vêtements et chaussures".
Le groupe japonais YKK, premier fabricant de fermetures au monde, a mis en service fin 2019 sa deuxième usine valant 60 millions de dollars dans la province de Ha Nam. YKK rejoint la vague des grandes marques mondiales, dont Nike, Adidas, Uniqlo et H&M, qui ont établi des installations de production au Vietnam.
"Nous prévoyons un ralentissement au premier semestre et une croissance du PIB d'environ 2,1% le second semestre. Bien qu'il s'agisse du taux de croissance le plus faible du Vietnam depuis des décennies, il devrait toujours être beaucoup plus élevé que la plupart des autres pays ", ont déclaré des experts de QNB.
Lutte antiépidémique: L'Australie peut apprendre du Vietnam
"La réaction du Vietnam face à la pandémie de COVID-19 a démontré sa capacité", a déclaré l'ancien ambassadeur d'Australie au Vietnam, John McCarthy.
L'ancien ambassadeur d'Australie au Vietnam, John McCarthy. Photo: Zing
L'Australian Financial Review a publié récemment un article de l'ancien ambassadeur d'Australie au Vietnam, John McCarthy, qui analyse la montée "remarquable" du Vietnam et juge que Canberra doit en apprendre davantage sur ce succès.
Au début de l'article, McCarthy écrit: "Au début des années 1980, certains représentants de pays non socialistes se demandaient souvent si, après avoir remporté la guerre, le Vietnam pouvait +gagner la paix+ ou pas".
Le 21 mai dernier, le magazine international Politico a conclu que le Vietnam avait été le meilleur pays pour gérer la pandémie de COVID-19, sur la base de deux aspects que sont santé publique et économie.
L'ancien diplomate a affirmé que les données sur la pandémie au Vietnam étaient "fiables", en raison de son expérience antérieure de réponse à la pandémie de SRAS, le Vietnam avait déployé des politiques appropriées et avec une grande célérité.
Dans le domaine économique, M. McCarthy a déclaré que malgré les dommages inévitables causés par la pandémie, l'économie vietnamienne est tout à fait capable de réaliser une croissance de 2,7%, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) - un résultat beaucoup plus optimiste que de nombreux autres pays dans le monde.
La montée du Vietnam est "perceptible": après les années de guerre, au début des années 1990, son économie était largement dépassée par d'autres pays d'Asie du Sud-Est, selon M. McCarthy.
Puis l'économie du Vietnam s'est accélérée et a augmenté plus vite que ses voisins. Le Vietnam a également rejoint l'ASEAN, établissant des relations avec les pays occidentaux, en particulier avec les États-Unis.
La réaction du Vietnam à la pandémie a prouvé ses capacités. Le Vietnam a clairement gagné la paix.
L'ancien ambassadeur a également félicité le Vietnam pour avoir géré avec compétence les questions diplomatiques, en particulier celles liées à la Chine.
La politique étrangère de l'Australie est consciente de l'importance du Vietnam mais cela ne suffit pas, a commenté McCarthy. L'année dernière, le Premier ministre Scott Morrison a effectué une visite à Hanoi ; c’était la première visite officielle d'un Premier ministre australien au Vietnam depuis 1992.
"Il est temps pour nous de faire du Vietnam une priorité absolue dans nos relations avec les pays asiatiques. Cela nous aidera à faire avancer nos propres intérêts, et bien sûr, nous pouvons apprendre quelque chose dans ce processus", a conclu M. McCarthy.
«Ma décision de rester au Vietnam pendant la pandémie fut une décision judicieuse»
Etant une «nomade numérique» qui a un mode de vie mobile et travaille non fixé à un endroit précis, Tasha Prados voyage régulièrement à travers le monde. Lorsque l'épidémie de COVID-19 a éclaté, Tasha Prados a choisi le Vietnam comme refuge au lieu de retourner aux États-Unis. Et elle ne regrette pas sa décision.
Tasha Prados, une «nomade numérique» a choisi le Vietnam comme refuge au lieu de retourner aux États-Unis lorsque l'épidémie de COVID-19 a éclaté. Photo: Soha
Voici un article qu'elle a publié sur Business Insider portant sur son séjour au Vietnam lorsque l'épidémie de COVID-19 faisait des ravages dans le monde.
En septembre de l'année dernière, j'ai quitté mon emploi pour entamer une carrière dans le conseil en stratégie marketing et j'ai travaillé comme «nomade digital». Je suis arrivée à Hoi An en février avec l'intention de m'arrêter ici pendant un mois. Puis l'épidémie de COVID a éclaté et je suis toujours là, sans intention de partir.
Avant cela, j'avais visité Bali en Indonésie, Koh Lanta en Thaïlande, Java oriental en Indonésie... Parce que non loin de la Chine, j'ai suivi la situation du COVID-19 dès les premiers jours. Quand la situation a empiré, j'ai décidé de déménager mon lieu de travail de la Thaïlande au Vietnam, en particulier à Hoi An.
À la mi-février, le Vietnam n'avait que 16 cas de COVID-19 et tous les patients se sont rétablis avec succès, malgré la longue frontière commune avec la Chine. Le Vietnam a répondu efficacement à l'épidémie grâce à des mesures opportunes, notamment la prévention, la recherche, la mise en quarantaine stricte des cas d'entrée et une propagande accrue pour sensibiliser la communauté.
Je suis arrivée au Vietnam le 17 mars quelques semaines seulement avant l'ordre de fermer la frontière et de cesser de délivrer des visas et les instructions d'isolement de 14 jours pour les rapatriés.
Lorsque l'OMS a officiellement déclaré le COVID-19 comme une pandémie mondiale, le Département d'État américain a publié le 12 mars une annonce permettant aux citoyens américains de rentrer chez eux.
J’ai décidé de rester au Vietnam. Bien qu'être avec ma famille pendant cette période était aussi une bonne chose, je ne voulais pas risquer d’être confrontée à l'évolution compliquée de la maladie. Ce fut une décision compliquée et j’ai beaucoup réfléchi pendant des semaines. Mais maintenant, je sais que c’était la décision la meilleure.
Des amis m'ont présenté un bon logement à Hoi An. Lorsque les autorités étaient sur le point d'émettre des ordonnances de quarantaine, nous nous sommes enrôlés pour acheter les fournitures nécessaires à Da Nang, la plus grande ville la plus proche.
Le personnel de santé a effectué des mesures de la température corporelle et nous a demandé de fournir des informations complètes, les horaires de transport et un abri.
J'ai dû faire un rapport sur mon état de santé lorsque j'ai renouvelé mon visa sur une application déployée par le gouvernement. Le 31 mars, le gouvernement a publié un décret sur la distanciation sociale à l'échelle nationale. Nous pouvions toujours acheter des fournitures de base, soit directement dans les magasins, soit en passant une commande en ligne.
Quand je suis sortie, à part acheter des fournitures supplémentaires, j'ai aussi passé du temps à faire du jogging le long des rizières. Bien sûr, je porte toujours un masque quand je sors.
Pendant la période d'isolement, la différence la plus évidente que j'ai pu voir était la tranquillité des rues animées. La vieille ville de Hoi An est souvent remplie de touristes. À cette époque, cependant, la tranquillité régnait partout dans les rues, et les magasins étaient fermés à la demande des autorités.
Je suis très reconnaissante du soutien du gouvernement vietnamien et de ses mesures de prévention efficaces. Cela semble être le contraire aux Etats-Unis. Sachant que je suis Américaine, les gens ici montrent toujours de la sympathie et de la solidarité pour ce qui s'est passé dans mon pays./.