Soutenir le Vietnam dans ses efforts d’adaptation aux changements climatiques et de transition verte

Mardi, 19/03/2024 16:30
L’ambassadrice canadienne du changement climatique Catherine Stewart s’est entretenue avec l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA) sur les plans du Canada pour aider le Vietnam à s’adapter au changement climatique ainsi qu’à mettre en œuvre le processus de transition verte à l’avenir.

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Catherine Stewart, ambassadrice du Canada pour les changements climatiques. Photo: VNA 

Quels sont les initiatives et les engagements du Canada en faveur de l’action climatique mondiale?
Le changement climatique est un problème mondial qui nécessite une solution mondiale. Nous faisons beaucoup au niveau national pour lutter contre le changement climatique et nous faisons également beaucoup pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique. Ainsi, au niveau national, notre législation vise zéro émission nette d’ici 2050, et nous nous sommes engagés à établir des plans tous les cinq ans pour soutenir cet objectif avec zéro émission nette d’ici 2050. À l’heure actuelle, nous avons un plan de réduction des émissions dans le cadre de cela, qui est notre contribution déterminée au niveau national (NDC), un engagement à réduire les émissions de 40 à 45 pour cent d’ici 2030. Nous mettons en œuvre environ 140 mesures pour lutter contre le changement climatique. Nous avons déjà investi environ 120 milliards de dollars américains au Canada pour lutter contre les changements climatiques.

Certaines des initiatives que nous mettons en avant au Canada comprennent un engagement à éliminer progressivement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles. Nous nous sommes également engagés à éliminer progressivement le charbon pour la production d’électricité. Nous faisons progresser la réglementation sur les carburants propres et la réglementation sur l’électricité propre afin que d’ici 2035, notre pont électrique puisse être 100% propre. Nous faisons également progresser les véhicules à zéro émission, les réglementations et le soutien à cet égard. Plus récemment, nous avons annoncé un cadre visant à plafonner les émissions de pétrole et de gaz. Ensuite, nous avons également travaillé sur le méthane, y compris des réglementations visant à réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier de 75%, réduisant ainsi ces émissions de méthane. Nous faisons donc beaucoup au niveau national pour tenter de réduire les émissions et de nous adapter au changement climatique.

Le Canada ressent également les impacts du changement climatique et nous avons une stratégie nationale d’adaptation qui aide les communautés à être plus résilientes face à ces impacts et à s’adapter au changement climatique. Notre approche mondiale du changement climatique comprend également un soutien aux pays en développement. Le Canada a engagé 5,3 milliards d’USD en financement climatique et nous faisons progresser un certain nombre d’initiatives dans le cadre de notre soutien au financement climatique, notamment un milliard de dollars pour la transition énergétique.

Pour le Canada, nous sommes convaincus que nous sommes confrontés à une triple crise : une crise climatique liée à la perte de biodiversité et à la pollution. En plus de nos efforts sur le changement climatique, nous avons également joué un rôle déterminant dans la biodiversité en travaillant en étroite collaboration avec la Chine pour accueillir la COP15, la Convention sur la biodiversité, et qui a conclu le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal. Nous accueillerons cette année la session de négociation, l’INC-4 (la quatrième session du Comité de négociation intergouvernemental chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin). Il s’agit d’un accord mondial sur les plastiques que nous espérons conclure d’ici la fin de cette année. Le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a également plaidé avec force en faveur du financement climatique et a veillé à ce que nous ayons le soutien nécessaire aux pays en développement à mesure que nous avançons vers l’avenir.

 Des dizaines de tonnes de déchets entourent la lagune d'eau salée de Sa Huynh, dans la province de Quang Ngai. Photo: VNA

Comment évaluez-vous la coopération passée entre le Vietnam et le Canada?
Les liens entre nos deux pays sont très profonds. Nous avons plus de 50 ans de relations diplomatiques établies et plus de 30 ans de capacité du Canada à soutenir l’aide au développement du Vietnam. Nous avons investi plus de 1,8 milliard d’USD dans l’aide au développement du Vietnam. Nous utilisons réellement cela pour soutenir la réduction de la pauvreté et des inégalités, l’autonomisation des femmes et des filles et la lutte contre le changement climatique, y compris une gouvernance inclusive. Nous sommes vraiment impatients de poursuivre l’excellente coopération que nous avons établie avec le Vietnam.

Une partie de la raison pour laquelle je suis ici est de faire progresser notre stratégie indo-pacifique, qui est un effort concerté du gouvernement du Canada pour approfondir nos liens dans cette région, mais également pour approfondir notre coopération avec le Vietnam. Nous sommes très engagés à soutenir et promouvoir le développement durable et la résilience dans cette région et au Vietnam. Nous espérons que nos deux pays pourront continuer à être très actifs à l’échelle mondiale en matière de changement climatique et de développement durable.

Les agriculteurs vietnamiens sont confrontés à de nombreux problèmes liés à l’adaptation au changement climatique. Par exemple, les communautés côtières du Vietnam souffrent d’une érosion importante due à l’élévation du niveau de la mer. Comment le Canada aidera-t-il le Vietnam à gérer ces problèmes à l’avenir ?
L’adaptation est certainement une priorité pour le Canada. J’ai beaucoup parlé de nos efforts au niveau national pour réduire les émissions, mais nous devons également bâtir des communautés fortes et être en mesure de mieux nous adapter aux impacts du changement climatique. Nous ressentons les impacts du changement climatique au Canada. Vous êtes peut-être au courant des incendies de forêt que nous avons eu l’été dernier au Canada, qui ont brûlé une superficie totale de 18,5 millions d’hectares, ce qui n’est pas négligeable. Cela équivaut à environ la moitié de la superficie du Vietnam en feu au Canada. Nous ressentons donc très fortement la nécessité de lutter contre le changement climatique, compte tenu de son impact sur les économies, mais aussi sur les moyens de subsistance des populations.

Nous savons également que ces impacts se font également sentir ici et qu’ils auront des implications sur le PIB du Vietnam, notamment un coût d’environ 12 à 14% du PIB du Vietnam d’ici 2050, compte tenu des impacts du changement climatique. Nous voulons vraiment nous assurer que nous aidons les communautés à mieux réagir aux effets du changement climatique et à bâtir des communautés afin qu’elles puissent prospérer dans les générations à venir. C’est pourquoi l’adaptation est vraiment un élément clé de l’Accord de Paris.

Nous avons des mesures d’atténuation, d’adaptation et de soutien aux plus vulnérables de ce monde. On sait par exemple au Vietnam que la montée du niveau de la mer constitue une menace très importante, y compris dans le delta du Mékong. Nous sommes très déterminés à contribuer à soutenir cela. Dans le passé, nous avons soutenu, par l’intermédiaire de la Banque asiatique de développement (BAD), un projet sur la gestion intégrée des risques de catastrophe et qui a créé un fonds de gestion intégrée des risques de catastrophe pour soutenir le développement d’approches et d’outils innovants pour gérer les catastrophes. Nous espérons vraiment poursuivre les projets d’adaptation et de résilience avec le Vietnam. Nous avons plusieurs plans en place pour y parvenir, notamment dans le domaine de l’agriculture. Nous avons eu une excellente coopération en matière de sécurité alimentaire et de politique commerciale. Nous sommes également impatients de pouvoir adopter davantage de projets dans ce domaine également.

 Le changement climatique est un problème mondial qui nécessite une solution mondiale. Photo: baothainguyen

Dans le cadre de l’accord de Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), les pays du G7, dont le Canada, mobilisent 15,5 milliards de dollars américains auprès du secteur privé et du gouvernement pour soutenir le processus de transition verte du Vietnam. Pourriez-vous nous parler du soutien du Canada pour aider le Vietnam à atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici 2050?

Comme je l’ai mentionné à propos du financement climatique du Canada, la transition énergétique en est un élément très important. Le Canada, par exemple, en 2019, a pu soutenir le Vietnam dans sa transition énergétique grâce à sa contribution de 15 millions de dollars à la Banque asiatique de développement pour soutenir le premier projet solaire flottant du Vietnam. Puis, lors de la COP 26, nous avons été très heureux de voir l’engagement du Vietnam vers zéro émission nette d’ici 2050, l’engagement de mettre fin à la déforestation d’ici 2030, ainsi que l’engagement d’éliminer progressivement la production d’électricité à base de charbon d’ici 2040. Ainsi, avec cet engagement, nous sommes très heureux que la communauté internationale, à travers le groupe des partenaires internationaux (IPG), ait pu travailler avec le Vietnam pour développer un partenariat pour une transition énergétique juste. Je pense que c’est un très bon exemple pour le monde de la manière dont un pays ayant de grands besoins en matière de réduction des émissions peut travailler ensemble sur un plan pour faire avancer ces objectifs.

Nous avons un certain nombre de projets dans les prochaines années que nous sommes impatients de proposer pour accompagner le Vietnam dans sa transition énergétique, dont 50 millions d’USD  que nous avons proposés à la Banque mondiale, mais aussi des efforts au sein de l’Agence internationale de l’énergie, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Partenariat pour la transition énergétique de l’Asie du Sud-Est.

Ainsi, un certain nombre de ces projets aideraient le Vietnam à renforcer sa capacité de régulation, à renforcer ses capacités ainsi que ses analyses afin de pouvoir poursuivre la transition énergétique. Nous avons également investi un milliard de dollars dans des fonds d’investissement climatique pour accélérer la transition complète. Nous sommes impatients d’utiliser une partie des fonds que nous avons mis de côté pour soutenir le Vietnam dans cet effort. Nous sommes donc très enthousiastes à l’idée d’aller de l’avant avec ce JETP et de commencer à mettre en œuvre certains projets.

Le Canada a promu une initiative mondiale de tarification du carbone visant à créer un forum permettant aux pays ayant établi des marchés du carbone ainsi qu’aux pays intéressés par cette question d’échanger leurs expériences et d’accroître leur soutien technique dans le but que 60 pour cent des émissions mondiales de carbone soient tarifées par 2030. Que fait le Canada pour aider d’autres pays, dont le Vietnam, à élaborer et à mettre en œuvre une tarification du carbone ?
L’une des choses que j’ai faites pendant mon mandat ici, c’est de plaider en faveur du défi mondial de la tarification du carbone, lancé par le premier ministre du Canada Justin Trudeau il y a quelques années. Il s’agit en réalité d’une initiative qui vise à promouvoir la valeur de la tarification du carbone en tant qu’outil politique capable de réduire efficacement les émissions, de promouvoir l’innovation, l’efficacité énergétique et l’abordabilité.

Nous recherchons des partenaires pour relever ce défi et nous espérons vraiment que le Vietnam se joindra très bientôt au défi pour faire preuve de leadership et de soutien autour de cet outil politique. Comme vous l’avez mentionné, l’objectif du défi est de soumettre une plus grande part des émissions mondiales au régime de tarification du carbone. À l’heure actuelle, environ 23 pour cent des émissions mondiales sont couvertes par une sorte de régime de tarification du carbone. Nous voulons porter ce chiffre à 60 % d’ici 2030. Nous travaillons donc très dur pour atteindre cet objectif et rassemblons davantage de partenaires, démontrant ainsi notre leadership mondial pour y parvenir.

L’autre opportunité dans le cadre du défi mondial de la tarification du carbone est de fournir un soutien technique et d’aider les pays à renforcer les capacités et les aptitudes techniques nécessaires pour pouvoir gérer la tarification du carbone. Nous sommes vraiment impatients d’offrir ce soutien technique au Vietnam mais aussi à d’autres pays intéressés par la mise en œuvre de leur propre système de tarification du carbone.

Il existe beaucoup d’expériences et de connaissances et d’occasions de partager les leçons apprises et les meilleures pratiques en matière de tarification du carbone. C’est un domaine dans lequel nous voyons le Vietnam jouer un rôle de leader important, ayant mis en œuvre un système d’échange de droits d’émission et un rôle de leadership également au sein de l’ASEAN. C’est pourquoi le Premier ministre canadien Justin Trudeau est très désireux de voir le Vietnam rejoindre le partenariat et il a tendu la main déjà sur ce front. Nous sommes donc impatients de travailler avec le Vietnam sur ce sujet./.

CPV/VNA

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